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De la gravité du derby

En ce week-end où la Ligue 1 s'est bricolée des "derbies", une question: pourquoi est-ce particulièrement important de gagner contre ceux qui habitent à côté?  

Auteur : Gilles Juan le 1 Nov 2014

 

 

Vu de l’extérieur, un derby oppose souvent des gens qui se ressemblent. Sérieusement: à part eux-mêmes, qui différencie un Rennais d’un Nantais? Un Lillois d’un Lensois, un Bastiais d’un Ajaccien? Il parait que le Stéphanois et le Lyonnais sont distingués par le fait qu’il y en a un qui pense que l’autre est en banlieue.

 

 


Le derby milanais.

 

Psychologie du derby

Pourquoi diable est-ce ceux qui se ressemblent le plus qui se détestent le plus? Sans doute certains derbies sont-ils envenimés par une rivalité historique, politique, religieuse ou économique, mais qui s’en souvient précisément? Et ces choses-là ne s’envolent-elles pas, tandis que le derby reste? Soyons honnêtes: on ne demande rien de plus qu’une proximité géographique pour parler de derby. Il suffit d’être côté à côte pour jouer à qui pisse le plus loin. La seule répétition des matches peut générer une "tradition".

 

Freud a son mot à dire là-dessus (enfin, indirectement). Il parle dans Le malaise dans la culture du "narcissime des petites différences": si on est très volontiers agressif avec nos compagnons territoriaux alors que nous n’avons que de petites différences, c’est d’abord parce qu’ils donnent l’occasion d’assumer et d’extérioriser des pulsions agressives. En principe on doit contenir ces pulsions, mais de temps en temps il faut les lâcher et ceux qui sont là tout près tombent bien.

 

Ceux qui sont proches présentent ensuite un profil propice à être détesté, précisément parce qu’en étant proches de nous, ils nous ressemblent manifestement (accents, valeurs, etc.): quand on commence (en tant qu’individu ou en tant que groupe) à être confondu avec d’autres, on est moins identifié et donc on n’est pas content. Les rivalités sont d’autant plus importantes que les différences sont minces, parce que la difficulté de l’affirmation de soi, de la démarcation, est accrue.

 


Logique du derby

Pour expliquer les rivalités inhérentes aux derbies, on propose que soit admis:
1. Que plus on nous ressemble, plus on fait de l’ombre à notre singularité et notre valeur .
2. Que c’est insupportable.
3. Que tous les prétextes politiques sont bons pour consolider, radicaliser et camoufler sous un vernis rationnel la pulsion agressive qui en découle.

 

L’hypothèse est donc que les motifs de rivalités n’arrivent toujours qu’après l’inaugural rejet spontané et narcissique du semblable. La passion de la rivalité a besoin de se justifier. C’est le groupe juste en face du nôtre qui devra devenir le plus éloigné de nos valeurs. Plus il sera ressemblant, plus il faudra affirmer sa spécificité, sa différence. "Presque rien, c’est presque tout, c’est la distinction", avait déjà remarqué Baudelaire [1], qui ne connaissait pourtant rien au foot.

 

Évidemment, on voit d’autant mieux les différences qu’on est tout près, qu’on est concerné, et ceux qui pensent que les rivaux sont apparemment les mêmes n’ont absolument rien compris et ne voient rien. C’est pour se regarder dans la glace comme quelqu’un de spécial, d’intègre et d’authentique qu’il est absolument interdit de perdre contre le voisin, contre ces enfoirés de [inscrire ici la condition socio-culturelle concernée].


[1] Le peintre de la vie moderne, XII.
 

Réactions

  • Coach Potato le 01/11/2014 à 08h46
    Merci. La guerre juste, en somme. Juste en face de chez nous.

  • balashov22 le 01/11/2014 à 10h00
    Dire que Stéphanois et Lyonnais se ressemblent, c'est méconnaître gravement leur accent complètement ridicule (alors que nous parlons tout à fait normalement), entre autres faits indiscutables. Décrire les autres risquerait de provoquer la perte de mes identifiants, je vais donc m'en tenir là.

  • Kireg le 01/11/2014 à 10h24
    J'aime bien venir ici. Vraiment. Mais il ne fait plus jamais dire que nous ressemblons à des Nantais.

    Jamais.

  • magnus le 01/11/2014 à 10h58
    Et tout simplement, dans une compétition, avant de penser dominer sur le plan national voire international, on trouve naturel de se disputer la suprématie locale.

  • Tonton Danijel le 01/11/2014 à 12h38
    Il y en a qui négligent l'impact de cette notion de derby dans la culture populaire: lien

    Les commentaires montrent bien que la rivalité est plus que sportive...

  • José-Mickaël le 01/11/2014 à 19h22
    Je ne crois pas tellement à cette hypothèse comme quoi c'est la ressemblance qui explique la rivalité.

    Pour moi c'est la prépondérance footballistique régionale.

    Lorsqu'on est champion du Monde, on en est fier. Lorsqu'on est champion de France, pareil. Eh bien l'intérêt du derby, il me semble, c'est de savoir qui est la premier de sa région. Prenez Nancy et Metz : deux grandes villes qui se disputent la prépondérance régionale tout court. Forcément, cette dispute se retrouve au niveau du foot. Quand Metz bat Nancy (l'an dernier), ce sont les Messins qui sont les premiers en Lorraine, après plusieurs années où c'était le contraire.

    Ce type de derby existe forcément entre Ajaccio et Bastia, entre Nîmes et Montpellier autrefois, entre Lille et Lens, entre Lyon et Saint-Étienne...


  • Sens de la dérision le 02/11/2014 à 08h04
    Tonton Danijel
    01/11/2014 à 12h38
    ----
    Je ne sais pas si c'est la même chose pour les autres derbies mais c'est clair qu'entre Lyon et Saint-Étienne il y a beaucoup de choses d'autres que le foot. Au niveau de la recherche et de l'université (que je connais un peu), le fait que l'univ de StE fasse désormais partie de celle de Lyon a fait grincer de nombreuses dents après des années à se battre pour l'indépendance vis-à-vis du voisin géant. Il y a affrontement dans les financements pour les équipes de recherche qui ont une partie délocalisée dans le Forez (sur le mode ouin ouin Lyon ils nous piquent tout) mais aussi sur les demandes de financement générales (oui c'est souvent une histoire de sous).
    Sans compter qu'il y a évidemment beaucoup de Stéphanois qui travaillent à Lyon et quelques autres qui font le chemin inverse (entre Rennes et Nantes, ou Bastia et Ajaccio, j'imagine que c'est moins le cas).
    Il y a aussi la comparaison entre une ville sur le déclin depuis plusieurs années et une autre qui est devenu un grand pôle français si ce n'est européen.

    Mais j'ai l'impression que dans ce cas particulier il y a une différence notable des deux côtés avec des Stéphanois beaucoup plus revendicatifs que des Lyonnais, sans doute parce que ce sont les Stéphanois la minorité.

  • Paul de Gascogne le 02/11/2014 à 09h18
    C'est marrant, j'ai l'impression que toutes les autres causes que vous citez (volonté de suprématie régionale, dissensions sur d'autres domaines, etc...) découlent toutes du phénomène décrit par l'auteur.

    Par exemple, l'analogie avec le fait de remporter la coupe du monde. Pourquoi est-on fier dan pareil cas ? Parce qu'on est meilleur que tous les autres, tous ces autres humains, tous ces autres footballeurs. On devient un surhomme, un "surfootballeur". Pour intégrer finalement une catégorie à part, distincte des autres hommes, distincte de tous ces semblables.

    On en revient à la cause identitaire, inlassablement.

    Tout ça pour dire que j'ai trouvé l'article très juste dans sa manière de pointer le dérisoire dans la construction d'une rivalité. Et aussi que j'espère bien qu'on va taper nos voisins de Labrit cet après-midi qui sont rien d'autres que des sauvages illettrés (rien à voir avec nous).

  • Tremechan le 04/11/2014 à 13h04
    pour moi (lillois) la rivalité avec Lens tient surtout au fait que j'ai forcément plusieurs amis supporters du RCL. On se chambre (gentiment) toute l'année alors quand y'a derby, ben on a envie de gagner.
    en plus la proximité géographique fait qu'il y'a plus de lensois pendant un derby.

La revue des Cahiers du football