Dans les cartons : Lyon, le PSG, Sassuolo et Toni Kroos
Ce qui se cache derrière le réveil de l'OL, les problèmes du PSG en phase défensive, le discours de l'entraîneur de Sassuolo et l'omnipotence de Toni Kroos sont réunis pour une édition des Cartons qui néglige complètement le Clasico. Bouuuuuh.
Changements de dispositifs ou de joueurs, batailles philosophiques et stratégiques, échecs et réussites… Chaque semaine, les quatre Dé-Managers proposent leurs billets d’humeur.
* * *
L’OL bourgeonne un peu tard
Raphaël Cosmidis – De la victoire de l’Olympique lyonnais sur la pelouse de Lorient, on retiendra sans doute d’abord les performances de Rachid Ghezzal, passeur décisif et buteur, et d’Alexandre Lacazette, auteur d’un doublé en terre bretonne. C’est assez logique tant ces deux hommes sont en grande partie à l’origine du renouveau des Gones en cette deuxième partie de saison. Mais c’est tout le collectif rhôdanien qui fonctionne mieux depuis quelques semaines, et son animation offensive notamment.
Tout commence par la relance lyonnaise, de qualité dimanche soir. En l’absence de Maxime Gonalons, c’est Corentin Tolisso qui héritait du rôle devant la défense. Il l'a bien tenu, en décrochant souvent entre ses défenseurs centraux, et en les guidant: souvent, on l’a vu indiquer à Mapou Yanga-Mbiwa ou Samuel Umtiti d’avancer parce qu’il leur avait libéré de l’espace. Plusieurs actions lyonnaises sont venues de ces dépassements de fonction. Grâce à la qualité de passe de Yanga-Mbiwa (non, vraiment) et Umtiti, l’OL peut vite trouver des joueurs entre les lignes sans forcément passer par les côtés.
Plus haut, on mettra l’accent sur le positionnement et le mouvement de Sergi Darder, souvent très intelligent dans le dos des milieux lorientais. L’Espagnol lit très bien la géométrie des équipes adverses et se retourne rapidement vers le but. Sa capacité à bien orienter son corps, pour garder toutes les options de passe possibles, est une qualité rare en Ligue 1, où les décalages viennent souvent des ailes.
C’est d’ailleurs depuis les flancs, en passant rapidement de l’un à l’autre, de Cornet à Ghezzal plutôt que dans l’autre sens, que la formation de Bruno Génésio s’est créé des occasions. Une fois en un contre un, les jeunes ailiers de l’OL sont dans une situation avantageuse. Ils ont le coup de rein, la vision du jeu et la qualité de frappe pour exploiter ces duels, et avec Lacazette un attaquant complet, capable aussi bien de servir d’appui que de solliciter des ballons dans la profondeur.
Tout ça pour dire que Lyon, victorieux 3-1 au Moustoir, joue enfin à un niveau plus conforme à son effectif. Avec le PSG, Nice et Lorient, de temps à autre, l’OL est la seule équipe de France véritablement compétente sur attaque placée, assez douée et organisée pour repartir court depuis son camp, trouver des relais entre les lignes et créer des situations favorables sur les côtés pour finir. Dommage qu’il ait fallu attendre le printemps pour l’écrire.
En vrac
Arsenal a pratiquement dit adieu au titre de champion d’Angleterre, alors Arsène Wenger donne sa chance au jeune Alex Iwobi. Le Nigérian de dix-neuf ans, titulaire pour la deuxième fois consécutive en Premier League contre Watford (4-0), a de nouveau marqué et affiché de belles promesses: percussion, technique, qualité de passe, puissance… Un cocktail qui fait forcément merveille au sein du collectif londonien.
Une passe latérale du gardien interceptée, un penalty pourri qui rentre tant bien que mal et un but contre son camp de la hanche: le match entre Las Palmas et Valence a produit la pire des séries de buts de l’année. Vainqueur 3-2, l’équipe des Canaries se rapproche très sérieusement du maintien tandis que son adversaire, quinzième, va avoir peur jusqu’au bout.
Quand l’Atlético joue comme face au Betis (5-1), cette équipe est bien, comme l’a dit Gerard Piqué, la deuxième d’Espagne. Voire la première. Un Fernando Torres qui galope et conclut comme à la belle époque, Antoine Griezmann fidèle à lui-même, Koke en distributeur de caviars… Et Angel Correa, qui a traversé la moitié du terrain à chaque fois qu’il avait le ballon et réussit deux passes décisives en moins de trente minutes. L’attaquant argentin n’a que vingt-et-un ans, il ne faudra pas s’étonner si Diego Simeone contribue à en faire l’un des meilleurs du monde.
Encore un match moyen de Monaco (défaite 2-1 à domicile face à Bordeaux), et encore une performance déprimante de l’ASM sur attaque placée. Presque deux ans après son arrivée, Leonardo Jardim n’a toujours pas réussi à installer des circuits pour avancer lorsque l’adversaire joue bas. Certes, l’effectif a beaucoup changé sur cette période, mais l’attente commence à se faire longue…
Leicester l’a emporté 1-0 face à Southampton ce week-end, un score que les Foxes apprécient ces dernières semaines. Si Jamie Vardy n’a toujours pas marqué (il attend ça depuis deux mois), il s’est montré brillant dans ses déplacements et son mouvement. Maître de l’appel contre-appel, l’Anglais est insaisissable. Dommage qu’il soit raciste.
Le Paris FC est bon dernier de Ligue 2, mais au moins, il tente de jouer au ballon. Le probant succès à Beauvais contre le Red Star (2-4) est la première validation comptable de cette approche plaisante depuis le 18 août, soit sept mois et demi sans victoire. Sûrement trop tard pour espérer ce maintenir, mais ça méritait d'être souligné.
Focus : Stuttgart
Entraîneur : Bernd Wahler.
Système préférentiel : 4-2-3-1.
Classement :12e de Bundesliga.
Possession : 48,3% (9e).
Passes réussies : 72,6% (15e).
Tirs par match : 15,6 (3e).
Buts en contre-attaque : 11 (1er).
Buts sur coups francs ou corners : 11 (2e).
(Statistiques WhoScored).
L'instantané tactique de la semaine
J. M. – On avait parlé il y a quelques semaines de l’approche tactique de l’entrejeu parisien en phase défensive, un marquage de zone “orienté homme” qui peut faire perdre sa structure à l’organisation du PSG. Ce fut le cas à Chelsea, sans conséquence. Mais le but d’Hatem Ben Arfa, samedi, est l’illustration supplémentaire que le principal point faible de l’équipe de Laurent Blanc se trouve peut-être là.
Thiago Motta a pris l’habitude de régulièrement quitter sa zone. Avec Marco Verratti, les trous sont parfaitement comblés. Sans lui, c’est plus aléatoire. Ici, si Blaise Matuidi reste est lui situé dans une zone “normale”, Adrien Rabiot est bien trop avancé pour compenser la sortie de Motta. La défense parisienne n’a de son côté pas comblé l’espace devant elle en remontant. Mais c’est bien l’équilibre bancal de cet entrejeu qui interpelle. Les torts sont partagés entre une sentinelle bien trop prompte à déserter un poste pourtant crucial et des milieux pas toujours attentifs pour la couvrir. David Silva et Kevin de Bruyne s’en frottent les mains d’avance...
Les déclas
Spéciale Eusebio Di Francesco, entraîneur de Sassuolo, dont l’entretien à la Gazzetta a été traduit par @FrSerieA.
“Si je remplaçais quelqu’un en cours de saison je pourrais m’adapter, mais si une équipe me choisit, elle sait ce qui me plaît et doit s’adapter à mon idée de jeu, qui se fait en 4-3-3. Il a un seul problème: la difficulté à faire un marquage sur le meneur de jeu adverse. Pour le reste, c’est un dispositif spectaculaire. Durant les entraînements, je ne travaille jamais sur un deuxième système de jeu.”
“En phase défensive, j’aime bien avoir plein de joueurs dans la zone où il y a le ballon pour pouvoir le récupérer. Je joue toujours pour reconquérir le ballon. Zeman était agressif sur chaque action, je suis ‘DiFranceschien’: l’agressivité me va bien mais pas tout le temps. Des fois, il faut savoir temporiser. Le point de repère, c’est le ballon, comme pour Sarri (entraîneur de Naples). La défense ne se comporte pas en fonction de la position des adversaires. Après, l’équilibre est fondamental: l’équipe doit se déplacer tout en restant compacte et si un latéral monte en attaque, l’autre doit rester proche des défenseurs centraux.”
“Dans notre trio offensif, un attaquant va sur le côté et les deux autres vont vers le premier et le deuxième poteau. Les trois doivent se déplacer de manière coordonnée. Dans l’interprétation des mouvements, Berardi est le numéro un et Sansone vient tout de suite après. J’aime bien les attaquants qui provoquent en un contre un et savent dribbler leur vis-à-vis. Sinon, tout le monde court tout droit vers la ligne de touche et, ensuite, on arrive à la limite du terrain. En tant qu’ailier droit, Berardi doit d’abord fait un contrôle orienté qui prépare l’action qui va suivre. Ensuite, il doit rentrer vers l’intérieur et viser le but. Il ne doit pas rester trop sur le côté, je n’aime pas quand il centre. L’avant-centre doit toujours attaquer et courir en direction du but, jamais vers le poteau de corner. Le seul qui doit faire ça, c’est l’arbitre de touche. Et je veux que mes attaquants profitent des erreurs de l’adversaire. Contre la Juve, Alex Sandro en a fait une et Politano n’est pas arrivé sur le ballon. Après, il m’a dit ‘je ne m’y attendais pas’. Un attaquant ne doit jamais me dire une chose pareille.”
La vidéo de la semaine
Toni Kroos peut-il jouer seul devant la défense? Ceux qui le voient parfois en difficulté répondent non. En sélection, face à l'Italie, il a pourtant été l'élément le plus reculé, derrière Özil, Müller, Draxler et Götze. Et ça a débouché sur une victoire 4-1 avec un but. Honnête.
La revue de presse (presque) anglophone
Comment l’Espanyol Barcelone a contribué à façonner la philosophie de jeu de Mauricio Pochettino.
Selon les chiffres, le Liverpool de Jürgen Klopp a les ingrédients de la réussite à long terme. À condition de gagner en qualité individuelle.
Focus sur la méthode Zinédine Zidane.
Analyse, d’ailleurs, du plan de jeu de Zizou avec le Real: ses points forts, ses faiblesses, tout ça.
Le cas Rooney pose un problème similaire à l’Angleterre que Raul à l’Espagne et Ballack à l’Allemagne.
La Premier League s'apprête à découvrir Antonio Conte, nommé à la tête de Chelsea.
L'analyse tactique du Clasico, c'est par là.