Contrat en Asie, famille à l’abri (proverbe footballistique)
Une Balle dans le pied – Les transferts vers la Chine et les salaires qui y sont servis témoignent d'un bouleversement de la géopolitique du football mondial. Les joueurs, eux, devraient mettre à jour leurs justifications.
(…) Pour des internationaux qui ont encore plusieurs années au plus haut niveau devant eux, en termes sportifs et de prestige, justifier de pareils choix laisse peu de possibilités. La "découverte d'une autre culture", qui avait été souvent invoquée lors des premières migrations vers le Golfe ou l'Asie, ou le fameux "challenge sportif" peuvent difficilement être avancés (même s'il ne faut pas mépriser, par eurocentrisme, les championnats "exotiques", où les projets de développement peuvent être intéressants). « Le choix est très rarement sportif aujourd’hui. Les sommes sont tellement colossales que le foot devient annexe. (…) Quand on va [en Chine], on fait une croix sur le foot et sur sa vie pendant deux ans », tranche Christian Gourcuff.
En fait, les joueurs doivent bien admettre que leurs motivations sont essentiellement financières. L'admettre sans forcément l'assumer, avec le recours à un argument aussi vieux que l'inflation du marché des transferts : « Je l'ai fait pour mettre ma famille à l'abri ». Axel Witsel en a donné une merveilleuse interprétation à propos de son transfert au Tianjin Quanjian, où il devrait toucher un salaire de 18 millions d'euros par an : « C'était une décision très difficile parce que d'un côté il y avait un très grand club comme la Juventus, mais de l'autre il y avait une offre impossible à refuser pour l'avenir de ma famille ». La déclaration mérite une exégèse.(…)