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Comment mesurer Messi ?

Alors qu'il est en instance de gagner son quatrième Ballon d'Or, peut-on déjà dire de Messi qu'il fait partie des plus grands?

Auteur : Christophe Zemmour le 17 Dec 2012

 


Lionel Messi a battu le samedi 8 décembre 2012 le record européen de buts marqués sur une année civile jusqu’alors détenu par Gerd Müller (85). Un cap statistique parmi tant d’autres que l’attaquant argentin a déjà dépassés (Liga, Ligue des champions) ou franchira dans le futur. À l'aune d’un probable futur quatrième Ballon d’Or consécutif, d’aucuns le sacrent déjà “meilleur joueur de l’histoire”. Au-delà de l’intérêt discutable de telles étiquettes, il manque encore certainement à la carrière de ce talent précoce, et buteur prolifique d’une équipe louée pour son jeu, quelques éléments qui font la légende des grands de ce sport.

 


La dimension des records

Son histoire a tout du conte de fées. Fils des rues difficiles de Rosario, il rejoint le Barça à l’âge de treize ans, le club prenant en charge un traitement aux hormones de croissance lui permettant d’atteindre sa taille actuelle. Il a récemment eu un enfant de son amour de jeunesse. Personnalité lisse en apparence, beaucoup aiment à le glorifier, à lui donner une figure angélique en regard de son principal rival, Cristiano Ronaldo, parfois détesté de façon symétrique – ou caricaturale. Un duel de surdoués qui grandit l’un et dessert l’autre, d’une manière que l’on est en droit de trouver parfois injuste. Heureusement, le monde des passionnés de football est suffisamment hétérogène pour éviter un diktat de la sorte: le côté trop “génial” ou trop “parfait” de Messi le desservira peut-être dans l’opinion. Il se trouve même des rumeurs pour écorner l’image de l’Argentin, lui prêtant des caprices de star vis-à-vis de coéquipiers du Barça.

 

 

 

 

La régularité au plus haut niveau de Lionel Messi est impressionnante, témoignant d’une hygiène de vie et d’une gestion de carrière exemplaires. Comme le dit Didier Drogba, Cristiano Ronaldo et lui ont fait entrer les statistiques du football dans une autre dimension. Au contraire de son rival madrilène, cet homme de records souffre certainement d’un manque d’épaisseur personnelle. On pense à Federer, humanisé par Nadal: comme le tennisman suisse avant même qu’il ne remporte un tournoi du Grand chelem, Lionel Messi n’a pas encore tout gagné que d’aucuns le considèrent déjà comme le plus grand. On est d’ailleurs dans l’attente de le voir confirmer son statut en sélection: cette année a justement été celle d'un rendement enfin significatif avec les Albiceleste. Une étape à franchir pour ne pas être "seulement" un joueur historique avec une carrière faite surtout d’exploits en club, comme Alfredo Di Stefano avant lui. Dans l’attente de le voir transcender son équipe nationale, il en est tout de même devenu le quatrième meilleur buteur de l’histoire...

 

 


Le chemin qui reste

Il n’est pas besoin de rappeler les biais et les limites de l’élection du Ballon d’Or. Alors, plutôt que de baser la réflexion sur le nombre de ces trophées que Lionel Messi va surement engranger au cours de sa carrière, il convient de se demander quel est son apport au collectif. L’Argentin est plus un accélérateur, un concrétiseur, un homme de déséquilibre qu’un leader technique. Au bout de l’action, il est mis dans la lumière, comme tant d’autres avant lui. Paradoxalement, le fait de jouer à Barcelone dans le meilleur collectif du monde (qui attend surtout de lui d'être efficace) jette un doute sur son rayonnement dans une autre équipe – doute impossible à lever tant qu'on ne le voit pas évoluer ailleurs. Moins complet et charismatique que d’autres étoiles homologuées (Pelé, Platini, Cruyff, Di Stefano, Maradona...), il devra dépasser sa fonction, assumer son statut, marquer un tournoi final avec l'Argentine. Choses que d’autres footballeurs moins glorifiés, comme Samuel Eto’o et Andres Iniesta, ont su déjà faire.

 

Le fait que la qualité technique individuelle d’un footballeur, et qui plus est un attaquant, éclipse la valeur de ses contemporains n’est pas nouveau et fait partie des particularités de ce sport collectif. Lionel Messi est en quelque sorte l'étendard de l’adoration de la statistique et de l’individualité, d’un besoin de classifier les joueurs entre eux, comme pour donner de la valeur à la fois au juge et au jugé. L'exercice est forcément vain, tant il est difficilement concevable de comparer de façon objective et unanime des époques, des contextes et plus encore des postes différents. Ce qu’il faut éviter et combattre, c’est le diktat des podiums sur qui est meilleur que qui et garder la pluralité des avis et sensibilités qui font le charme de notre passion. Tout n’est qu’une histoire de préférences personnelles, de visions liées aux clubs et équipes supportés. Il faut aussi accepter l’idée qu’un grand nombre de fans de foot puisse rester totalement insensibles aux performances et au talent de Messi. La relation à l’individualité est très variable selon les uns et les autres et l’unanimité n’est certainement pas du monde du ballon rond.
 

Réactions

  • Marius T le 17/12/2012 à 08h34
    Avant qu'une nouvelle forme de La maladie de Creutzfeldt-Jakob ne vienne le tacler par derrière.

  • Alexis le 17/12/2012 à 09h43
    Si globalement le fond du propos ne me pose pas de problème puisque je pense en partager l'esprit, il est, je dois bien l'avouer, un argument qui me hérisse le poil tant je le trouve aussi convenu qu'inepte : Messi (ou Untel) serait-il aussi fort sans Barcelone (ou Unetelle) ?

    Le propre des grands joueurs, et toute l'histoire du football l'a montré, est de jouer dans les grandes équipes. Car ce sont eux qui font les grandes équipes. Et si cet argument tenait, deux questions se poseraient : 1. Pourquoi tous les attaquants du Barça (du Milan , du Bayern, de MU, etc...)ne mettent pas 90 buts par an ? 2. AP Gignac était-il meilleur que Messi l'année où il portait Toulouse à bout de bras ?

    A mon sens, définitivement, faire ce que fait Messi n'a que plus de valeur justement parce qu'il écrase la concurrence dans une grande équipe, comme tous les autres très grands joueurs de l'histoire du foot, finalement, l'ont fait avant lui dans de grandes équipes.

    Quant au jeu du Barça favorisant les performences de Messi, là encore, il me paraît évident de construire une équipe qui favorise l'épanouissement de ses meilleurs éléments, ce dont tous les grands joueurs ont bénéficié, ni plus ni moins.

    Je trouve même que cela est une qualité supplémentaire que de savoir participer à la construction d'un des collectifs les plus aboutis (voire de le sublimer), c'est pourquoi je suis régulièrement surpris que cela puisse atténuer les mérites de Messi.


  • Ba Zenga le 17/12/2012 à 11h03
    Alexis, je suis aussi d'accord avec toi sur le fond. Mais ce que je veux discuter dans l'article, c'est aussi sa capacité à transcender un collectif et je me demande à quel point il est un pilier de Barcelone: plus ou moins qu'un Xavi ou un Iniesta? C'est une question à laquelle je n'ai pas de réponse.

    Et pour ce qui est de la concurrence au Barça, si j'étais de mauvaise foi, je pourrais dire qu'on fait en sorte de la lui enlever, plus ou moins volontairement. Mais apparemment, à raison, puisque le Barça marche du feu de Dieu.

  • leo le 17/12/2012 à 11h29
    Ba Zenga>cette question peut aussi être posée pour Pelé, Cruyff, Beckenbauer ou Platini (un peu moins pour Maradona ou Di Stefano, à mon avis).

    A quel point étaient-ils le pilier de leur équipe ?

    Pelé avait, en sélection, des mecs comme Garrincha et Didi à ses côtés, puis Tostao, Gerson, Rivelino, Clodoaldo ou Jairzinho, Platini avait deux-trois bons coéquipiers au milieu en équipe de France et arrive dans une Juve blindée de champions du monde 82, Cruyff et Beckenbauer faisaient partie, respectivement, de la meilleure génération de footballeurs néerlandais et allemands et jouaient dans le club le plus fort que leur pays a connu.

    Je ne sais pas si Messi est le meilleur joueur de tous les temps, s'il est dans le top 5, le top 10 ou le top 25 (j'ai ma petite idée, hein) mais, comme je l'ai dit sur le fil espagnol récemment, je n'ai pas le souvenir d'un joueur enchaînant des performances de si haute volée avec une telle régularité et sur une aussi longue période.

  • sansai le 17/12/2012 à 14h24
    Bon après, il convient de souligner les conditions post-Bosman et de néo-libéralisme décomplexé qui font que le Barça connaît une position dominante à mon avis inédite, notamment au niveau local dans un championnat de cette importance, et que là où le Bayern de Beckenbauer ou l'Ajax de Cruijff cumulaient 10 internationaux, le Barça en a 20 de haut niveau, et peut se permettre, en plus des internationaux espagnols qu'il a formés et/ou recrutés, des Alex Song, Javier Mascherano, Dani Alves, Alexis Sanchez, Adriano, ... qui lui assurent une équipe de classe mondiale autour de lui par tous temps et à toute époque de l'année.

    Après, ces débats me laissent assez froid. La meilleure individualité d'un sport collectif, c'est un peu le meilleur arbre qui cache la forêt.
    J'adore Messi, c'est indéniablement un de mes joueurs préférés de tous temps - et notamment parce que je trouve extrêmement réducteur de le réduire à ses qualités de finisseur et de dribbleur, quand on constate les passes qu'il est capable de délivrer, ou que sa science du jeu lui permet d'être sans doutes le seul joueur au monde à pouvoir courir seulement 3 km dans un match sans jamais faillir à participer à l'effort collectif quand c'est nécessaire - mais un joueur est comme tout être humain, et en particulier dans un sport collectif, fondamentalement fait de liens.

    Est-ce que Messi serait aussi extraordinaire si on lui demandait de jouer sur l'aile et de "faire la différence" balle au pied aux côtés de Nenê, Robben et autres Ben Arfa ? Probablement pas.
    Mais le foot étant un sport collectif, je vois pas bien l'intérêt de se poser ce genre de questions.

    Évidemment que comme tout joueur, il a besoin d'un contexte favorable pour s'exprimer. D'une équipe.

    Et je vois pas beaucoup d'équipes qui conviendraient pour un avant-centre d'1m68 dont les points forts sont dans le jeu de passes (et d'appels) et le petit jeu en espaces réduits, en dehors du Barça.

    Hier, j'ai vu Maxwell, tant critiqué depuis son arrivée à Paris, faire une action sublime : il rentre dans l'axe, voit un espace entre Bisevac et Lovren, se met sur son pied droit et lance une passe d'une bonne trentaine de mètres, parfaitement dosée dans l'espace.
    Une véritable occasion de but qui éliminait tout le bloc lyonnais d'une passe.
    Ibrahimovic, qui en est à sa cinquième saison dans la même équipe que Maxwell, de l'Inter à Paris en passant par le Barça, n'a rien vu : ni l'espace juste sous son long nez, ni ce que préparait Maxwell, et reste planté sur place, laissant cette passe mourir dans l'anonymat le plus complet.
    Maxwell en est-il un joueur moins génial pour autant ? Assurément oui, si j'en crois tous les commentaires que je lis ici et là à son sujet.

    C'est donc bien une mauvaise question que de savoir si Messi serait capable d'en faire autant dans n'importe quelle équipe.
    Personne "n'en fait autant" dans n'importe quelle équipe. D'ailleurs personne ne fait ce que Messi fait nulle part ailleurs, non plus qu'au Barça.

  • visant le 17/12/2012 à 15h55
    Messi serait probablement plus quelconque dans une équipe plus quelconque. Comme CR7 serait plus quelconque à Sochaux même s'il en serait le joueur le plus exceptionnel.
    Si Messi parvient à maintenir le même niveau de performance dans les 5-6 prochaines années, je ne vois pas vraiment en quoi ce serait moins impressionnant que de le faire dans différents clubs (du même "niveau" évidemment).

    Par ailleurs j'ai vraiment du mal à trouver le traitement de CR7 injuste (même si c'est bien précisé "parfois" dans le texte). Il s'est tellement construit cette image de gros kéké égocentrique sur et en dehors du terrain que forcément il s'attire régulièrement quelques ennuis.

  • José-Mickaël le 17/12/2012 à 16h07
    visant
    aujourd'hui à 15h55
    > Messi serait probablement plus quelconque dans une équipe plus quelconque.

    Pas si quelconque que ça à mon avis. Il est rare que de grands joueurs en plein possession de leurs moyens jouent dans une petite équipe, mais souvenons-nous que Platini a atteint le podium du Ballon d'Or en 1977 (ce qui signifie quand même quelque chose) alors qu'il jouait à Nancy aux côtés de Rouyer, pas encore aux côtés de Rep, Giresse ou Boniek. De plus, avec Platini, Nancy était monté en D1, avait atteint la 4è place en 77, et une fois Platini parti (79), l'équipe est vite retournée dans le ventre mou avant de connaître pire. La seule présence de Platini était suffisante pour transcender l'équipe, et ce Platini là, bien que pas entouré de la moindre star, était déjà considéré comme un des tous meilleurs joueurs européens.

    Je n'ai pas d'autre exemple sous la main, mais celui de Platini me suggère que si Nancy recrutait Messi, ils ne resteraient pas longtemps relégables et Messi resterait une de vedettes du foot européen.

  • visant le 17/12/2012 à 16h29
    Même avec Nancy coaché par Victor Zvunka?
    Pour Platini, qui votait en 1977, juste FF ou déjà toute l'Europe?

    Sinon, ce que je voulais exprimer, c'est plutôt le fait que le jeu actuel du Barça sublime probablement le jeu Messi mais que l’argument du doute sur son efficacité dans un autre club me laisse dubitatif. Rares sont les joueurs de son calibre à être devenus quelconques en changeant de club non?

  • Miklos Lendvai le 17/12/2012 à 16h33
    Il y a beaucoup de joueurs qui ont justement démontré qu'ils n'étaient pas si brillants qu'on ne le pensait en peinant à s'imposer dans un nouveau club.

    Veron, Mendieta, Ba, je vous appelle à la barre.

  • José-Mickaël le 17/12/2012 à 16h39
    Oui, en 77 c'est tous les journalistes européens qui votaient (comme depuis le début il me semble).

    Miklos : ici on parle des triples Ballons d'Or, pas de Veron, Mendieta et Ba... :-)

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