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Comment l'élite veut rétrécir le foot

En fondant l’association FAP, une poignée de dirigeants prétend amener ses idées au pouvoir.

Auteur : Jamel Attal le 1 Nov 2007

 

[Article extrait du numéro 39 des Cahiers du football, novembre 2007]

Alors que le football français va jouer son avenir en remettant les droits du championnat sur le marché, plusieurs clubs ont trouvé judicieux de faire sécession en créant Football avenir professionnel (FAP), un lobby fumeux mais dont les idées sont claires: concentrer les pouvoirs et les ressources, quitte à dynamiter la Ligue de l’intérieur.



La casserole du Club Europe

En 1999, Canal+, Jean-Claude Darmon et plusieurs clubs fondent le Club Europe, une sorte de cercle fermé dont la façade semi-officielle cache des motifs moins avouables. Car, durant plusieurs années, Canal+ verse aux six clubs concernés (OM, PSG, Bordeaux, Monaco, Lens et Lyon) des sommes correspondant à une sorte de prime anticipée: dans l’hypothèse où la loi permettrait l’individualisation des droits de télévision (chaque club négociant alors pour lui-même), ils s’engagent à les vendre à la chaîne cryptée. 250 millions d’euros au total doivent ainsi être distribués entre 1999 et 2005, hors de tout cadre collectif. Peut-être au nom de la "libre concurrence".

Éventé, le pot aux roses est définitivement dévoilé lorsque, en 2003, après la chute de Jean-Marie Messier et à la suite d’un audit, Vivendi Universal s’offusque de ces sommes déboursées en pure perte. Le Conseil de la concurrence et les petits actionnaires du groupe ont, eux aussi, fait les gros yeux. Canal négocie la résiliation de ce contrat, économisant au passage 92 millions d’euros qui restaient à verser. L’événement soulage tout le monde du football, la Ligue étant alors empêtrée dans les recours engagés par TPS contre l’attribution de l’exclusivité du championnat à Canal+.

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Thiriez sur la touche

Plusieurs années de concorde relative, au sein du foot pro, succèdent à cet épisode agité. Mais il fallait être naïf pour imaginer que, favorisé par le train des lois Lamour qui libéralisent le secteur, le milieu allait perdre ses mauvaises habitudes et son goût pour les petits arrangements. Voilà qu’en septembre dernier, des réunions discrètes (mais révélées par L’Équipe) mettent en présence les dirigeants de plusieurs clubs, auxquels on prête notamment l’intention d’anticiper un échec du prochain appel d’offres. Car, si la loi française oblige encore à la vente collective des droits, la Commission européenne prévoit que les clubs les récupèrent si la commercialisation commune n’a pas abouti. Autre objectif a minima: obtenir rapidement une répartition de la manne télévisuelle encore plus à leur avantage.


Les "petits" clubs protestent contre ces manœuvres menées en marge de la Ligue et de l’UCPF (le syndicat des clubs), et dont les visées sont aussi manifestement contraires à l’intérêt commun. Le 19 septembre, Frédéric Thiriez, mis hors-jeu, se fend d’un communiqué hors-sujet: "Je n’imagine pas des clubs sérieux se laisser tenter par des pratiques illégales qui font encore l’objet d’enquêtes des services de la concurrence".


Un G14 à la française

Un mois plus tard, on apprend la naissance de l’association Football avenir professionnel (FAP), sise au Parc des Princes et réunissant les anciens membres du Club Europe, plus Toulouse et Lille... sous la houlette de Jean-Claude Darmon – peu occupé depuis qu’il a été débarqué en 2004 de Sportfive, le géant du marketing créé avec la fusion de son groupe, de Sport+ (Vivendi-Canal+) et de UFA Sports (Bertelsmann). Un communiqué émanant... du site officiel de l’OL officialise l’existence de cet organisme. Le président en est Jean-Michel Aulas, le porte-parole Michel Seydoux qui, involontairement comique, affirme que "ce n’est pas un club de révolutionnaires, mais un club de réflexion".

Placé sous le slogan "La défense des clubs premiers", ce G14 à la française semble ne désigner, ironiquement, que la formation lyonnaise (1). Ses membres "représentent la notoriété et les investissements les plus significatifs" (le Stade rennais ou l’AS Saint-Étienne apprécieront), mais le cénacle est "ouvert sans exclusivité à tous les clubs de Ligue 1". Dans un premier temps, il s’agit surtout d’écarter les pouilleux de Ligue 2 encore représentés au sein de l’UCPF. FAP, c’est un peu un Medef dans le Medef.


Le lendemain de l’annonce, Pape Diouf dément la participation de l’OM au regroupement, qualifie d’usurpation toute représentation éventuelle de son club et dénonce les manœuvres de Jean-Michel Aulas pour le contourner. Le club s’offre une énième lutte des clans.


Boucler la Ligue 1

Outre la réforme de la répartition des droits de rediffusion, les revendications sont assez explicites : suppression de la taxe Buffet (5% des droits télé reversés au football amateur), aménagement des lois interdisant la publicité pour les alcools, élimination des autres familles du foot des instances de gestion de la Ligue, etc. Libéraux décomplexés qui ne supportent plus le fonctionnement démocratique, nos présidents se rêvent en oligarques qui disposeraient de la haute main sur le foot professionnel, sans plus s’embarrasser des clubs les moins nantis et encore moins des autres "familles" du football représentées à la Ligue (entraîneurs, joueurs, arbitres, médecins, personnels administratifs).


Francis Decourrière, président de Valenciennes, explique dans Libération quelle élite ses pairs rêvent d’instaurer, évoquant une coupure des vivres pour la Ligue 2 (qui perçoit 90 des 600 millions que verse Canal+) et un passage à dix-huit clubs avec une seule relégation: "Vous aurez vite dix-sept clubs de L1 installés, et deux ou trois malheureux qui feront l’ascenseur entre L1 et L2 avec des moyens sans commune mesure avec les clubs précités. De fait: c’est fermé. Si, en plus, vous exigez des stades de 30.000 places pour accueillir des rencontres de L1, vous fermez encore un peu plus". Fantasmes? Dans un communiqué au style empesé, le LOSC explique que la relégation sportive a des conséquences économiques trop lourdes et réclame un débat "sans tabou intello-médiatique" sur "l’accès aux compétitions"...


Des libéraux en attaque

Mais, menée par Jean-Michel Aulas avec le sens diplomatique d’une Panzerdivision, l’opération tourne mal et embarrasse un Gervais Martel accusé de trahir son mandat de président de l’UCPF. Les réactions pleuvent. "Si [Martel] allait au bout de sa démarche, ce serait une grave erreur" (Jean-Claude Plessis, Sochaux). "Les caves se rebiffent et on ne se laissera pas faire" (Francis Decourrière). "C’est purement scandaleux à la veille d’un appel d’offres" (Jean-Pierre Louvel, Le Havre).


Dernier épisode en date: une réunion entre "petits" et "gros" a abouti à une sorte de moratoire et à l’ouverture d’un round de concertation entre les deux camps. Il serait question de créer deux collèges (L1 et L2) au sein de l’UCPF, mais, surtout, chacun réaffirme la nécessité de refaire front commun à l’approche de l’appel d’offres.

Quoi qu’il en advienne par la suite, la création de Football avenir promotion a eu pour intérêt de lever un peu l’hypocrisie qui dissimulait jusqu’alors le programme politique de ces "clubs premiers" qui prônent les vertus de "l’élitisme". Il faut qu’il y ait, comme en Angleterre, "un certain nombre de clubs qui font le spectacle", assure Aulas, qui fait mine d’ignorer à la fois l’absurdité de la comparaison et le fait qu’en Premier League la répartition est beaucoup plus égalitaire qu’en France, mais qui renchérit: "Les Anglais valorisent l’élite, les Français la rabaissent". Sa solution: donner plus aux plus riches.


(1) Au soir de la journée de championnat qui suivit cette annonce, Lille, Lens, Marseille, Toulouse, Monaco et Paris figuraient tous au-delà de la neuvième place.

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