Comment gagner le "Championnat de France des tribunes"?
Pour éviter que trop de publics ne soient fiers de leurs extraordinaires encouragements, la Ligue a instauré un classement mathématique fondé sur quatre critères. Voici nos astuces pour grappiller quelques places avant la fin de notre championnat…
Auteur : Sylvain Zorzin
le 30 Avr 2007
1. Fidélité
De quoi s’agit-il ? Même si la Ligue trompe tout le monde en fanfaronnant que le championnat est formidable, ce premier terme ne doit évidemment pas être entendu dans son sens conjugal. La "fidélité" est un taux de remplissage des différents stades, calculé à l’aide d’un logiciel dénommé "isyFoot". On dirait un jeu pour Nintendo 8-bits dont le titre en anglais aurait été écrit par José Touré, mais il ne faut pas sous-estimer les informaticiens de la LFP, notamment ceux qui n’ont pas choisi ce métier par passion.
Comment agir ? Il paraît difficile de pirater le système informatique de la ligue, même avec l’aide des réseaux nîmois de Johnny Hacker. Afficher soudain un taux d’affluence de 98% au stade de l’Aube serait aussi discret qu’une banderole "Nous serons toujours avec vous" placardée aux quatre coins de Gerland.
Il convient donc d’inciter les spectateurs à se rendre réellement au stade. Bien sûr, il serait vain d’avancer des arguments fondés sur la qualité du jeu ("Ça sera un spectacle magique de tous les instants") étant donné que plus personne ne croit au Père Noël, et que, au mieux, "Troyes-Rennes" est le nombre d’animaux qui tirent son traîneau.
La logique à adopter est donc une démarche merchandising. Impossible à séduire par le jeu, le spectateur sera attiré par ce qui le fait craquer quand il reçoit une offre d’abonnement de France Football: non pas le journal en soi, évidemment, mais le cadeau qui va avec. Le radio-réveil ou la montre qui s’allume dans le noir seront simplement remplacés par des objets à même de faire frissonner le public d’un stade : maillots dédicacés, coupe de la Ligue des champions en aluminium, etc.
2. Animation
De quoi s’agit-il ? Sous ce terme sont entendues "les animations mises en place dans les tribunes par le public". Les notes sont attribuées par les "partenaires médias" que sont RTL et l’USJSF, le syndicat des journalistes sportifs. Auteur d’un "Oh la la, Michel Pastor lance la ola à lui seul, ah non il se lève", Denis Balbir a déjà été récusé à quatre reprises.
Comment agir ? Les supporters soulignant en général que l’arbitrage est éculé et autres remarques désagréables, il paraît difficile de confier au public la gestion de l’animation dans les stades.
Une piste serait de s’inspirer de Max Guazzini, le président du Stade français, dont les initiatives en termes d’animation ne sont plus à démontrer. Celui qui pourrait faire arriver Gilbert Montagné sur un bateau pour prouver au PSG qu’il n’y a aucune honte à naviguer à vue, n’aurait aucune difficulté à transformer un match de foot en succursale du show-biz. Sans compter que Payet se sentirait chez lui.
3. Ambiance
De quoi s’agit-il ? Ce mot recouvre la capacité du public à jouer "le douzième homme", à travers notamment "la qualité et l’originalité des encouragements et chants et leur caractère entraînant sur le public au sens large". Là encore, les notes sont attribuées par les journalistes partenaires de l’opération.
Comment agir ? On note d’abord l’emploi de l’expression "public au sens large". Il est évident qu’une chanson, même remuante disco, qui ne fédèrerait pas une tribune entière doit être exclue: chant nazi, hymne à Fabien Barthez, etc.
Une idée ébouriffante serait que les publics s’échangent les chants d’encouragement. Ainsi, les visiteurs motiveraient l’équipe jouant à domicile, et inversement. Cette démarche, qui apporterait un soutien fort aux joueurs, est incontestablement originale.
Reste à prévenir les joueurs de l’AS Monaco, perturbés par les cris provenant d’un coin du stade Louis-II, ainsi que ceux de l’Olympique lyonnais, déstabilisés par des voix graves puisque poussés par des individus n’appartenant pas à la tranche 8-13 ans.
4. Bonus/Malus
De quoi s’agit-il? On se le demande. On lit que "le président de la Commission nationale mixte de sécurité et d’animation dans les stades de la Ligue s’appuiera sur un jury composé par ses soins pour affecter, à titre exceptionnel, un bonus ou un malus suite à des événements survenus dans le cadre d’un match". C’est un homme qui doit déterminer combien de points valent les doigts arrachés par un pétard d’un jeune pompier (3, apparemment) et des bagarres entre hooligans. C’est un homme triste qui donne parfois des points, comme à Lens parce que le public continuait de chanter malgré les quatre buts encaissés contre Lyon. Il est l’incarnation du mot "arbitraire". Il sourit car c’est le surnom que Jean-Michel Aulas donne aux hommes en noir.