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Coach Michel

En écho à l'interview du numéro 2 des Cahiers du football, revenons sur une période charnière de la carrière de Platini: son passage à la tête de la sélection…

Auteur : Eugène Santa le 15 Dec 2003

 

 

Le 1er novembre 1988, Michel Platini prend la barre d'une équipe de France à la dérive, qui a mal négocié son entrée dans les éliminatoires de la Coupe du monde. Il succède à Henri Michel, condamné après un piètre match nul à Chypre (1-1), et opère immédiatement un spectaculaire changement: le retour de Jean Tigana chez les Bleus, pour un match à Belgrade contre la Yougoslavie, qui doit relancer les Tricolores.

 

 

 

 

Objectif Euro 1992

Pour cette première rencontre au poste de sélectionneur, Platini et ses hommes frôlent l'exploit, puisque la France mène 2 buts à 1 à un quart d'heure de la fin. Mais deux buts de Susic et Stojkovic viennent remettre les pendules à l'heure dans les derniers instants du match. Le coup de poker est raté de peu. Et la course à la qualification se révèle un échec, après une nouvelle défaite face à l'Ecosse (2-0) et un nul (0-0) à domicile contre la Yougoslavie quelques mois plus tard. La France finit troisième de son groupe derrière ces deux nations. 

 

Le Mondiale italien passé, Platini entame un véritable challenge à l'automne 1990, avec comme objectif une qualification pour l'Euro 1992 qui doit se dérouler en Suède: à l'époque, seules huit équipes participent au tournoi final, et les formations qui souhaitent remporter le titre continental doivent donc terminer première de leur poule de qualification. Dans son groupe, les Bleus doivent écarter l'Espagne et la Tchécoslovaquie pour espérer être du voyage en Scandinavie. La France réalise un parcours sans faute, avec huit matches et autant de victoires, dont deux belles performances à Séville (2-1) et Bratislava (2-1). Avec 19 matches consécutifs sans défaite, Platini sélectionneur bat même l'ancien record de Platini joueur, établi alors qu'il était capitaine des champions d'Europe 1984.

 

Pourtant, l'avenir du sélectionneur s'assombrit très vite. La campagne de matches amicaux précédant l'Euro est marquée par deux nuls à domicile (Belgique, Pays-Bas) et une défaite en Suisse. Les trois rencontres de poule du championnat d'Europe se soldent par les mêmes résultats: après deux nuls face à la Suède (1-1) et l'Angleterre (0-0), les Bleus s'inclinent (2-1) contre le Danemark, futur vainqueur de l'épreuve, et ne parviennent pas à se qualifier pour les demi-finales. Michel Platini démissionne au début du mois de juillet 92 sur un échec, et une série de cinq matches sans victoires…

 

 

La tactique à Michel

La plupart du temps, Michel Platini adopte paradoxalement un schéma tactique sans véritable meneur de jeu, faute de vrais candidats (ce qui soulignait la difficulté à assurer la suite des années Platini): son onze évolue en 4-3-3 avec une triplette de milieux polyvalents dans l'entrejeu (Blanc, Sauzée, Deschamps, Pardo…) qui transmettent les ballons à des ailiers (Perez, Ferreri, Xuereb, Vahirua, Cocard…) et à un buteur placé seul en pointe (Paille, Papin…).

 

Il arrive cependant que Platini recentre ou fasse reculer l'un de ses attaquants (Perez ou Ferreri par exemple) pour qu'ils orientent le jeu vers un duo de buteurs, généralement Papin et Cantona. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le passage en sélection de Platini est marqué par une absence totale de dogmatisme tactique: plusieurs joueurs évoluent ainsi à des postes très différents au fil des matches, et le turn-over est permanent.

 

Christian Perez est LE joueur platinien par excellence : il accompagne le sélectionneur durant toute son aventure à la tête des Bleus, puisqu'il connaît sa première cape contre la Yougoslavie en 1988 et sa dernière contre le Danemark en juin 1992. Grand espoir du football français, Perez n'obtient pourtant pas la consécration sportive et médiatique, malgré plusieurs parties de grande classe. On se souvient en particulier de quelques passes somptueuses pour son compère Papin en attaque (contre la Tchécoslovaquie ou la Suède, par exemple). Michel Platini lance également dans le grand bain des futures stars comme Blanc ou Deschamps, mais aussi une flopée de bagarreurs: Pardo, Di Meco ou Cocard par exemple (il donnera aussi son ultime sélection à Luis Fernandez en le faisant entrer à la mi-temps du dernier match de l'Euro suédois). Sans oublier le recours plus anecdotique à des joueurs comme Philippe Tibeuf, Fabrice Divert ou Amara Simba…

 

 

Une parenthèse refermée

C'est donc un bilan contrasté que présente Platini en tant que sélectionneur. Sportivement, la belle série des éliminatoires contrebalance la triste élimination de l'Euro 92, même si c'est cette dernière qui est restée dans les esprits. Sur le plan de l'image, l'opinion l'a dédouané en considérant qu'il n'avait pas les joueurs pour concrétiser de vraies ambitions, une impression que lui-même a entretenue en dégageant à demi-mots sa responsabilité. Plus sévères, d'autres ont estimé qu'il avait "laissé tomber" l'équipe nationale à un moment où l'avenir de celle-ci semblait plus brouillé que jamais.

 

Dans les sous-entendus de Platini, on sait maintenant qu'il fallait inclure, outre son peu d'illusions sur la valeur réelle de son groupe, des facteurs internes qui ont perturbé la sélection. L'époque était déjà à une rivalité féroce entre "Parisiens" et "Marseillais", qui allait culminer quelques mois plus tard avec l'issue fatale des éliminatoires de la Coupe du monde 1994. Certains Olympiens étaient également contrariés par des retards dans le paiement de leurs salaires, dont Basile Boli, en conflit ouvert avec son club. Enfin, rappelons cette anecdote qui avait conclu un Téléfoot diffusé depuis la Suède juste avant la compétition. Éric Cantona s'était alors emparé du micro pour annoncer l'émission suivante en la rebaptisant en hommage à son invité: "L'Heure du mensonge avec Bernard Tapie".

 

Le manque d'enthousiasme de Platini pour une carrière de sélectionneur, qui semblait à l'époque un prolongement normal de son parcours de joueur, a probablement été accentué par le sentiment qu'il ne disposait pas d'une exceptionnelle génération de joueurs. Il faudra d'ailleurs la courte ère Houllier, achevée sur un échec encore plus cuisant, pour que la reconstruction soit véritablement entamée par Aimé Jacquet. Surtout, l'appel d'une carrière politique, à l'abri des aléas sportifs et de ses conséquences cruelles, a éveillé une vocation qui apparaît aujourd'hui plus naturelle. Peu de temps après avoir quitté l'équipe de France, Platini rejoignait, en tant que vice-président, le Comité français d'organisation de la Coupe du monde. La page du terrain était définitivement tournée.

Réactions

  • dan le 15/12/2003 à 08h57
    C'est vrai que Tibeuf, Simba, ça fait rêver.

  • kalle le 15/12/2003 à 09h37
    Ben oui, même le meilleur entraineur du monde ne peut rien faire sans bons joueurs.

  • ouais.super le 15/12/2003 à 10h01
    C'est en lisant cet article que je me rends compte à quel point j'en avais rien à foutre du football entre 86 et 96... Les 3/4 des noms cités par l'article ne m'évoquent absolument rien.
    C'était le bon temps...

  • electron libre le 15/12/2003 à 10h05
    Tibeuf, le dessinateur ou le comique ?

  • ravio le 15/12/2003 à 10h32
    Nan, le hardeur...

  • bomba le 15/12/2003 à 10h56
    C'est marrant, vous oubliez de signaler que c'est le très controversé président des Girondins de Bordeaux de l'époque, Claude Bez, qui a permis à Dieu de devenir sélectionneur, tout en s'autoproclamant "superintendant" de l'Équipe de France"...

  • Zubizarrêtepas le 15/12/2003 à 11h40
    T'as raison La Bomba, Y avait Bez ET Tapie, qui ont été du putch anti-Henri Michel, avec Fournet-Fayard en Président FFF. C'était le bon temp !

  • VAronio le 15/12/2003 à 12h15
    très marrant cet article rétro
    vous parlez des années post-Platini
    et en matiere de prospective
    les années apres Zidane, ca va donner quoi ?

  • tikko le 15/12/2003 à 13h09
    Me souviens d'un article ds l'Equipe, après la retraite internationale de Platoche. Vision quasi apocalyptique .. forcément, l'article était de fin 89. Ca n'allait pas fort.
    Globalement, il fallait se préparer à une traversée du désert parce que pour trouver un joueur de ce calibre (et une génération autour de lui), fallait pas y compter avant deux ou trois décennies ds un pays "non sportif" comme était considérée (est tjrs ?) la France de 90.
    En fait, le journaliste se contentait de supputer sur un laps de temps au moins égal à celui séparant Kopa de Platini, belle et fine analyse ...

    Aujourd'hui, on voit que statistiquement jamais la France n'a été aussi forte que sur les 10 dernières saisons (soit 3 saisons seulement après l'article), statistiques qui si elles ne détiennent pas la vérité à elles seules sont confortées par un palmarès éloquent, fort des victoires en CM et au CE (les 2 Coupes des Conf restant anecdotiques au regard des deux autres), et prennent alors tout leur sens.

    Analyse d'autant plus à coté de la plaque que les bases de ses succès étaient pourtant déjà en place : la formation à la francaise..

    Ce qui me fait dire que les prévisionnistes de tout poil, sportif ou économique, ont souvent tort et ne voit pas bcp plus loin que le bout de leur nez.
    Ils disent koi les journalistes de l'Equipe sur l'après Zidane ?

  • bcolo le 15/12/2003 à 18h24
    Bon article, même si je suis pas tout à fait d'accord sur le fait que Platini n'avait pas le choix quand il s'est passé de n°10. Je crois qu'il ne voulait surtout pas que quelqu'un lui fasse de l'ombre ! Sur le plan du jeu, son équipe ressemblait plus à celle de Jacquet période 94-96 (huit joueurs à vocation défensive, et démerdez-vous en contre), incapable de construire. Sans la paire Papin-Cantona, le bilan aurait même pu être catastrophique. Je pense que la vraie période de Platini sélectionneur, c'est probablement 82-86, quand il était encore sur le terrain (comme Deschamps en 98-2000, d'ailleurs). Cet article est en tout cas moins fayot que l'interview dans le journal !

La revue des Cahiers du football