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Chris Waddle : it’s a kind of Magic

Sympathique mais poissard, esthète sur le terrain doté d'une terrible coupe de cheveux, Waddle a vécu une belle histoire d'amour avec l'OM après un début de carrière passé à écumer les terrains d'une Grande Bretagne où il est beaucoup moins reconnu...

Auteur : Christophe Zemmour le 7 Nov 2016

 


Le 14 avril 1990, l’Olympique de Marseille, qui a repris la place de leader lors de la journée précédente, reçoit son principal rival dans la course au titre de champion de France: les Girondins de Bordeaux. Fessés à l’aller (3-0) par Jean-Marc Ferreri et Klaus Allofs, respectivement futur et ex joueurs du club, les Phocéens évitent la redite grâce à un doublé sur coup franc signé Chris Waddle. L’Anglais, arrivé en début de saison pour la somme de 40 millions de francs – alors troisième plus gros transfert de l’histoire –, fait chavirer le Vélodrome et offre à l’OM une voie royale vers un second titre consécutif. Il est aussi à jamais associé au quart de finale retour de C1 face à l'AC Milan, lors duquel sa reprise croisée du pied droit offre la victoire à Marseille. Pourtant, Waddle n’a jamais été un gros buteur [1]. S’il est resté dans les coeurs [2], c’est pour son profil d’artiste, de comique, de poissard, d’idole loin de son pays chéri.

 

 

 

L’Angleterre au corps

Chris Waddle n'est pas de ces talents dits précoces. À l'âge de vingt ans, n'ayant pas intégré de centre de formation durant son adolescence, il n'est toujours pas professionnel. Natif de Felling, dans la région North East de l’Angleterre, Waddle écume les clubs durant sa jeunesse (Pelaw Juniors, Whitehouse SC, Mount Pleasant SC, HMH Printing, Pelaw SC, Leam Lane SC, Clarke Chapman) avant d’arriver à Tow Law Town à l’été 1978. Il travaille en parallèle en tant que saisonnier dans une usine de saucisses et effectue des essais à Sunderland, Coventry City et Newcastle United. Seul le club des Magpies donne une suite favorable, recrutant Waddle pour mille livres à la fin de son précédent contrat amateur. En quatre saisons de Second Division suivies d’une cinquième en First, l’ailier, pourtant un Mackem (supporter de Sunderland) de toujours, se rend petit à petit indispensable aux yeux du coach Arthur Cox qui lui a signifié sa confiance dès les premiers signes de nervosité, après trois premiers mois où on a commencé à parler de prêt pour Brighton. À Newcastle, il forme un trio d’attaque redoutable avec Kevin Keegan et Peter Beardsley.

 

Waddle se fait connaitre du pays et rejoint en 1985 Tottenham qui débourse 590.000 livres pour le faire venir. Au cours de ces quatre années passées à Londres, il étrenne ses galons de passeur, avec notamment nombre de caviars pour Clive Allen qui marquera 49 buts en 1987 [3], et il perd sa première finale la même année face à Coventry City (2-3 a.p.) en Cup. Une poisse domestique qui le suivra lors de son retour de France, avec les deux coupes qu’Arsenal lui chipe [4]. Pourtant, lors de cette saison 1992/93, il est désigné joueur de l’année par la Football Writers’ Association, confirmant sa progression et son statut acquis lors de son passage à l’OM... qui devient champion d’Europe sans lui. L’amour du Royaume-Uni est caractéristique chez Chris Waddle: il y jouera jusqu’à ses quarante-trois ans, enchaînant les clubs pros et amateurs à partir de 1996 [5]. C’est d’ailleurs indirectement de cet attachement que lui vient le surnom Magic Chris que lui a donné Basile Boli.

 

 

Bon public

En effet, lors de son passage à l’OM, Waddle a mis un certain temps à s’acclimater à la chaleur. Pis, il combattait le mal du pays en regardant chez lui le magicien Paul Daniels en VHS. Ce technicien très affûté, cet homme de duel, de provocation, de dribbles courts, de feintes, d’accélérations, Michel Hidalgo le qualifiait néanmoins de “latin” dans son football. Waddle était un ailier de l’ancienne tradition, qui cherchait avant tout la passe, la subtile touche de balle, la caresse, la souplesse et la précision plutôt que la puissance. Magic Chris, c’étaient des caviars à ses attaquants, notamment Jean-Pierre Papin avec qui il a formé un duo (voire un trio avec Abedi Pelé) amical et footballistique qui a affolé les défenses de D1 et de C1. Magic Chris, c’étaient des gestes subtils comme cette talonnade dans le but vide d’un Joël Bats qu’il venait de devancer, ouvrant le score face au PSG le 28 octobre 1990, une semaine après la déroute du Parc Lescure.

 

 

C’est peu dire que Chris Waddle a su donner le sourire au public du Vélodrome par le spectacle qu’il pouvait lui offrir. Il était un clown qui ne cessait de distraire les tribunes par ses grimaces et ses mimiques, tirant la langue à la caméra, mimant le nageur après une glissade sur une pelouse mouillée ou cachant son visage grossièrement après un geste raté. Chris Waddle était un footballeur éminemment sympathique qui alla par exemple voir ses anciens coéquipiers avant leur finale de C1 en 1993. Surtout, il fait partie de ceux qui donnent aux petits et aux grands envie d’aller au stade, de ceux capables de rendre chaleureux le dimanche après-midi le plus froid. Avec lui, le football portait ses plus beaux habits, ceux d’un jeu simple et joyeux. Et s'il n'est certainement pas le meilleur, c'est ce qui explique qu'il peut être le préféré.

 

 

Doom and gloom

Quand on demande à Chris Waddle qui est le meilleur entre Hoddle, Gascoigne et lui, il répond dans son style: “Hoddle et Waddle étaient les meilleurs chanteurs.” Les deux artistes ont en effet signé ensemble un titre nommé Diamond Lights et qui a fait partie du Top 20 des charts. “Nous faisions une grande équipe: il faisait tous les ‘ahhhhs’ et je faisais tous les ‘oooohs’.” Waddle a été une icône populaire, aussi bien en Angleterre qu’en France. Il a notamment lancé une mode avec sa coupe de cheveux faite d’un croisement entre brosse et nuque longue, et dont le bon goût se serait bien passé. Mais comme David Beckham, qu’il a taclé récemment dans une interview, il traine avec lui quelques vrais moments de lose qui lui ont valu l’opprobre du peuple anglais.

  

À la Coupe du monde 1990, alors qu’il est certainement au top de sa carrière internationale, il tire sur le poteau en prolongations et envole son tir au but face à la RFA dans une demi-finale que les Three Lions n’avaient plus atteinte depuis vingt-quatre ans (et qu’ils attendent encore depuis). À l’instar du Spice Boy après 1998, il trainera longtemps dans l'opinion anglaise ces frappes manquées, occultant un peu son professionnalisme et son talent. Pourtant, il s’agit là plus d’erreurs que de fautes, et de l’un des meilleurs matches de Magic Chris sous le maillot national. Waddle est un poissard magnifique qui, un an plus tard en finale de la C1 à Bari, voit sa reprise de la tête passer juste à côté. Un match qui se soldera, comme chacun sait, par un score nul et vierge et une défaite aux tirs au but (3-5). Chris Waddle est à l’image de ces belles équipes d’Angleterre et de l’OM: généreux, technique mais à jamais inachevé.

 

 

[1] Neuf buts en trente-sept matches lors de cet exercice 1989/90. En sélection, il a marqué six buts en soixante-deux capes. Au total, Waddle a inscrit 46 buts en 295 rencontres.
[2] Il a fini second derrière Jean-Pierre Papin de l’élection du meilleur joueur de l’histoire de l’OM organisée lors du centenaire.
[3] Un internaute du site FourFourTwo.com lui a d’ailleurs demandé s’il avait réclamé à son coéquipier de partager la prime de meilleur buteur (encore un clin d’oeil vers Roger Magnusson et Josip Koblar, que d’aucuns ont comparé à Chris Waddle et Jean-Pierre Papin). La réponse du joueur est pleine d’humour: “It would have been the hardest job in the world to get any money out of Clive.
[4] En Cup, 1-1 puis 1-2 lors du replay, avec un but de Waddle. Victoire des Gunners (2-1) en League Cup.
[5] Falkirk, Bradford City, Sunderland, Burnley, Torquay United, Worksop Town, Glapwell et Stocksbridge Park Steels.

 

Réactions

  • le Bleu le 07/11/2016 à 06h27
    C'est terrible pour les plus de 30 ans d'en parler comme dans un livre d'Histoire.

  • Tonton Danijel le 07/11/2016 à 09h20
    Le mec qui faisait aimer l'OM et les Three Lions.

    Et merci de ne pas mentionner le "We've got a feeling" qui reste ce que les années 90s ont produit de pire musicalement (pourtant il y avait du lourd à l'époque).

  • Raspou le 07/11/2016 à 09h52
    Ah Waddle, le cauchemar des supporters parisiens, le gars qui te faisait trembler dès qu'il touchait le ballon, le gars que tu aurais rêvé d'avoir dans ton équipe. Si on a tellement aimé Ginola, après, c'est aussi d'avoir tellement craint Waddle: comme le sentiment que l'ailier inarrêtable avait changé de camp.

  • LLBB1975 le 07/11/2016 à 09h59
    Merci. Waddle est le joueur qui m'a fait ne pas trop détester l'OM. Il représente le foot tel que je l'imagine : on joue pour s'amuser...

  • Ba Zenga le 07/11/2016 à 10h02
    Tonton Danijel
    aujourd'hui à 09h20

    Le mec qui faisait aimer l'OM et les Three Lions.

    Et merci de ne pas mentionner le "We've got a feeling" qui reste ce que les années 90s ont produit de pire musicalement (pourtant il y avait du lourd à l'époque).

    --

    J'ai bien résisté! Content d'avoir pu consacrer un article à ce joueur qui fait partie de mes préférés. En tout cas, je n'en ai pas aimé un plus fort que lui sous le maillot de mon club de cœur, l'OM. J'avais une photo de lui juste au-dessus de mon lit (alors que le reste de la chambre était tapissé de posters Onze Mondial, mais lui était le roi).

  • Tonton Danijel le 07/11/2016 à 10h11
    Ba Zenga
    aujourd'hui à 10h02

    Et tu réclamais la même coupe de cheveux que lui?

    Ce type était, avec André Agassi (qui, à l'époque, adoptait ce style capillaire: lien), le cauchemar des coiffeurs.

  • Ba Zenga le 07/11/2016 à 10h12
    Bien sûr que je l'ai réclamée et je l'ai même eue! C'te tête que ça me faisait...

  • Richard N le 07/11/2016 à 11h54
    C'est Waddle qu'on allait voir, c'était pas l'OM. Avec Waddle, on oubliait Tapie, on oubliait Boli et Di Meco. Avec Waddle, l'OM de l'époque, ça redevenait du foot !

  • José-Mickaël le 07/11/2016 à 12h25
    Ah, Waddle ! Je ne ferai pas plus de commentaire vu que l'article dit très bien tout ce que j'aurais eu envie de dire (on aime le foot pour voir un Waddle, quel plaisir de voir un joueur qui transmet ce plaisir, ses exploits sont techniques sont aussi importants que ses buts, etc.)

    C'était l'époque où les exploits des grands joueurs n'étaient pas réservées en exclusivité aux abonnés des chaînes payantes (la coupe d'Europe passait majoritairement sur TF1 ou A2, Téléfoot faisait ce qu'on considérerait aujourd'hui comme de longs résumés), où les entraîneurs portaient des survêtements (et non ces absurdes costards-cravates), où l'on disait "national" et non "domestique", où les joueurs avaient les cheveux longs bien que bizarrement coiffés...

  • environ bâillonné le 07/11/2016 à 14h03
    Merci pour cette madeleine, même trempée dans le pastaga.
    Et merci aussi d'avoir rappelé aussi que Clive Allen a vraiment existé.

La revue des Cahiers du football