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Ce que racontent les Football Leaks… et ce qu’elles ne racontent pas

Si les révélations quotidiennes permettent de mettre en lumière des pratiques plus que douteuses, l'attention se focalise beaucoup plus sur les joueurs alors que c'est au-dessus d'eux qu'ont lieu les plus grossescombines...

Auteur : Osvaldo Piazzolla le 13 Dec 2016

 

 

* * * Article initialement publié sur The Conversation * * *

 

Entendons-nous bien: je crois sincèrement que la révélation de l’affaire des "Football Leaks" est une entreprise salutaire au sens où elle met en lumière un football dont tout le monde soupçonne les problèmes, mais que tout le monde préfère ne pas voir. C’est aussi un acte de whistleblowing très courageux, et une enquête tout aussi courageuse de la part des journalistes du consortium parce que les milieux qu’elle aborde sont parfois proches du grand banditisme. Enfin, c’est une entreprise salutaire parce qu’elle doit affronter une forme de déni de la part des habituels chiens de garde de l’ordre médiatique établi. Mais plusieurs jours après les premières révélations, et à la lumière de ce qui est sorti jusqu’ici dans le feuilleton orchestré par les différentes publications, la narration des Football Leaks me pose un problème.

 

 

Un récit problématique

Oui, il s’agit d’une narration. Même quand on martèle que "ce sont des faits". Vous voulez des Football Leaks qui ressemblent le plus possible à des faits? "John", la fameuse source à l’origine de l’affaire, tient un blog depuis plus d’un an et balance régulièrement des fichiers PDF de contrats, sans autre explication. C’est aussi une narration (dans les choix et dans le timing), mais frugale: difficile à exploiter si on n’est pas au cœur même de ces affaires.

 

 

 

Or, la narration choisie par Mediapart est celle de l’évasion fiscale. Elle est indubitable. Elle est gigantesque. Mais elle n’est qu’un épiphénomène par rapport à l’horreur financière globale que représentent les managers de joueurs, Gestifute et Jorge Mendes, Doyen et Nelio Lucas, et leurs collègues. On objectera qu’il faut bien attaquer l’hydre par un côté. Le problème est que ce côté, cette façon de raconter l’histoire place les joueurs de football (réduits aux quelques super-héros à déboulonner) dans le rôle de méchants qui abusent la société (et les contribuables), et l’État dans le rôle du mari trompé.

 

 

L’esclavage dans le foot…

Un exemple: Josuha Guilavogui a été transféré par l’AS Saint-Étienne à l’Atlético Madrid fin août 2013. Il était à l’époque nouvel international français et son salaire ferait pâlir d’envie 90% des joueurs de football professionnels de la planète. Mais ce transfert soudain avait surpris les observateurs. Guilavogui n’avait aucune intention de quitter l’ASSE. L’Atlético Madrid ne l’a ensuite quasiment pas fait jouer. Et pour cause: le joueur appartient en fait à Doyen qui le place dans des clubs, même si ceux-ci n’y voient aucun intérêt sportif.

 

Josuha a du quitter son club formateur en 48 heures et en pleurant pour aller dans un club qui ne voulait pas de lui. Je ne sais pas si Josuha paye bien ses impôts et dans quel pays. Son histoire n’est pas celle d’un réfugié qui meurt à Lampedusa en croyant pouvoir devenir riche en jouant au foot. Mais il est l’exemple d’une condition professionnelle qui est devenue de plus en proche de l’esclavage, et cette condition désastreuse est masquée quand on choisit de ne parler que des caprices et des évasions fiscales des superstars.

 

 

Et l’État dans cette histoire est bien plus souvent le complice que le perdant. Comme le rappelle Dominique Rousseau, la fiscalisation des droits à l’image est l’objet constant de négociations pour rendre le pays "attractif". Pire encore, comme l’écrit Sébastien Fleuriel, les décisions des tribunaux condamnant les pratiques contractuelles des clubs de football provoquent de nouvelles lois destinées à fragiliser encore plus les contrats des footballeurs professionnels. Attendons ce que nous réserve la suite des divulgations des Football Leaks. Espérons que dans deux téraoctets de données, il y ait autre chose que des déclarations d’impôts.

 

The Conversation

Réactions

  • On meinau score le 13/12/2016 à 12h47
    Je ne nie pas la bizarrerie de la chose mais il y a un moment ou Guivalogui signe un contrat avec Doyen non ? Il devait savoir que ce genre de choses lui pendait au nez j'imagine ?

  • Moravcik dans les prés le 13/12/2016 à 13h52
    Il faut se souvenir que ça s'était fait très vite aussi, le dernier jour du mercato en fait.

    Sainté avait besoin de liquidités pour conclure les transferts voulus par Galtier (Erding notamment), et comme indiqué dans l'article, à la surprise générale, le dernier jour du mercato Guigui est pris à part par le staff pour le convaincre d'accepter une offre aussi alléchante (10M) que soudaine de l'Atletico. Le pauvre n'a pas eu le temps de se retourner, et il n'est donc pas impossible qu'il n'ait pas réalisé dans quoi il se fourrait. En tout cas il est évident qu'il ne devait pas imaginer que Simeone ne comptait pas du tout sur lui ("il a dû me parler deux fois en cinq mois" dira-t-il plus tard) : sa cote était très élevée à l'époque, il n'avait donc clairement aucune raison d'accepter d'aller jouer ailleurs que dans un club qui le voulait vraiment (ça ne manquait pas à ce moment-là).

    (pour l'anecdote, sur cette affaire on peut adresser un clin d'oeil à ce cher Bernard Lions, 'spécialiste' de Sainté pour kiplé, qui avait commis le lendemain de ce jour-là un article affirmant que c'était au contraire Guilavogui qui avait imposé soudainement un bras de fer à sa direction pour rejoindre l'Espagne, et que le staff n'avait pas réussi à le convaincre de rester. Galtier, entre autres, avait dû démentir fermement cette version des faits en conférence de presse le surlendemain, et assumer ce que tout le monde savait déjà : c'est bien le club qui avait poussé Guigui dehors, et pas l'inverse)

  • osvaldo piazzolla le 13/12/2016 à 14h39
    dac avec la version de Moravcik, et j'ajouterais que c'était l'époque ou Ghoulam était mis au placard pour cause de brandissement de drapeau algérien pendant le défilé de la victoire de la coupe de la ligue.

    Mon point est : les joueurs peuvent être vendus à Doyen ou à l'Atlético à Monsanto ou à la mafia tchètchène : ils n'ont de toutes façons pas voix au chapitre et s'ils se rebellent, on se débrouille pour casser leur carrière. (Allan Saint Maximin par exemple)

  • osvaldo piazzolla le 13/12/2016 à 23h47
    En fait il manque un paragraphe entre "...intérêt sportif" et "Et l'Etat..." :

    Josuha a du quitter son club formateur en 48 heures et en pleurant pour aller dans un club qui ne voulait pas de lui. Je ne sais pas si Josuha paye bien ses impôts et dans quel pays. Son histoire n’est pas celle d’un réfugié qui meurt à Lampedusa en croyant pouvoir devenir riche en jouant au foot. Mais il est l’exemple d’une condition professionnelle qui est devenue de plus en proche de l’esclavage, et cette condition désastreuse est masquée quand on choisit de ne parler que des caprices et des évasions fiscales des superstars.

  • fireflyonthewater le 14/12/2016 à 08h53
    Merci pour ce petit article et encore plus pour les commentaires ô combien instructifs!

  • sansai le 14/12/2016 à 19h52
    Merci osvaldo, et en tous points d'accord avec ta tribune.

  • osvaldo piazzolla le 15/12/2016 à 14h02
    Merci pour vos comms. C'est gentil. Après visionnage de la soirée télé de médiapart, on ne peut pas dire que ça s'arrange. Pourtant les invités du débat avaient de vraies choses à dire

  • osvaldo piazzolla le 17/12/2016 à 18h45
    je regrette de découvrir seulement aujourd'hui l'approche bourdieusienne de “Des footballeurs au travail” de Frédéric Rasera. ( lien). Sinon je l'aurais cité.

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