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Salcido, l'or du Mexique

Il est des coups du destin qui transforment un immigré illégal laveur de voitures en champion olympique. Carlos Salcido en a connu quelques-uns....

Auteur : Sylvain Dupont le 14 Août 2012

 

La nuit où il veille sa mère, atteinte d’un cancer, dans ses dernières heures, le petit Carlos, âgé de neuf ans, est loin de s’imaginer que vingt-trois années plus tard, il recevrait une médaille d’or olympique dans le mythique stade de Wembley. Il ne joue d’ailleurs pas au foot, tout juste quelques matches improvisés avec ses copains d’Ocotlán, dans la banlieue de Guadalajara. Son destin est au mieux de rejoindre son père dans une entreprise de menuiserie et de décharger à longueur de journées des meubles pour son patron, tout en évitant de tomber dans des combines hasardeuses ou de faire de mauvaises rencontres.

 


Refoulé à la frontière

Des soucis, il en a de toute façon suffisamment à la maison: son père, demeuré veuf, se met à boire et à sortir avec une autre femme. Ses frères partent alors tenter leur chance aux États-Unis, et Carlos, resté seul avec le petit dernier, doit parfois se réfugier en pleine nuit chez sa grand-mère devant les excès de violence paternels. À quatorze ans, il part chercher fortune à Guadalajara, et commence à travailler, d’abord comme laveur de voitures, puis comme employé dans une quincaillerie et une usine de verre soufflé.

 

 

Décidé à tenter seul sa chance, il essaye bien de passer à trois reprises de l’autre côté de la frontière, mais il est à chaque fois refoulé. Il retourne donc à Guadalajara, continuer cette existence qui visiblement le satisfait: “Laver des voitures est un bon travail, ça me plaisait vraiment beaucoup”. Mais, à dix-neuf ans, il perd son emploi et se retrouve à disputer un match, avec une fausse licence, pour aider une bande de copains à qui il manque un joueur. Sur le front de l’attaque, le jeune Carlos impressionne et est repéré par un recruteur qui lui propose de jouer en troisième division. Mais le joueur a besoin d’argent et répond qu’il doit ramener quelques pesos chez sa tante qui le loge. Il en reçoit mille de cet entraîneur qui a conscience de tenir un vrai talent. Carlos commence ainsi à faire du football son gagne-pain.

 

Les débuts sont encourageants et le joueur, replacé sur l’aile ou comme latéral gauche, monte vite en première division, en signant dans la mythique équipe de Chivas. Sa première apparition au stade Jalisco, a lieu le 22 juillet 2001. Ce jour-là, à quelques kilomètres de distance, Pablo Salcido, jette un œil distrait sur le match et reconnaît en ce numéro 21 son fils qu’il a perdu de vue depuis des années. Les retrouvailles auront lieu quelque temps plus tard. Par la suite, Carlos ne manquera pas, même devenu célèbre, de retourner à Ocotlán régulièrement, pour passer au cimetière saluer sa mère, laisser une aide économique à son père, et recevoir les honneurs de la ville…

 


En rouge et blanc

Mais revenons en 2001: le jeune espoir de vingt-et-un ans, fort de ses 7.000 pesos par mois, s’installe dans un appartement modeste, avec sa femme et son premier enfant. Mais quand il redescend en réserve, son salaire réévalué à 1.200 pesos ne lui permet plus de payer le loyer, ce qui l’oblige à se cacher du propriétaire. Le salut vient en partie de son entraîneur et de sa belle-mère, qui lui prêtent quelque argent. Un jour, ses meubles, sa télévision, sont même saisis, et Carlos doit redoubler d’efforts sur le terrain pour récupérer son niveau… économique: “Même le lit sur lequel je dormais n’était pas à moi, c’était mon frère qui me l’avait prêté quand il était parti aux États-Unis“.

 

 

À force de sacrifices, le désormais défenseur est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de deuxième division, il parvient en finale face à León, puis retourne logiquement avec Chivas dans l’élite. Là encore, ses performances attirent rapidement l’attention et, en 2004, il est l'appelé de dernière minute pour suppléer un joueur blessé en équipe nationale. Par un énième coup du sort, il est aligné comme titulaire, place qu’il ne perdra plus. Sous l’aile de Ricardo La Volpe, il disputera la Coupe des confédérations en 2005, durant laquelle il se révèle en étouffant notamment Ronaldinho alors au sommet de son art, puis la Coupe du monde 2006 où le Mexique est éliminé en huitième de finale.

 

Épuisé par plusieurs saisons durant lesquelles il a disputé un nombre impressionnant de matches [1], il part en vacances pour couper complètement et éviter toutes sollicitations. À son retour, il croit à une blague lorsqu’il consulte son téléphone portable: le PSV Eindhoven veut s’attacher ses services et lui offre un contrat de trois ans. Carlos part seul aux Pays-Bas, sa femme étant de nouveau enceinte et son agent s’étant mystérieusement évanoui dans la nature. Là-bas, ne parlant la langue, loin de son pays, il connaît une période de spleen et en est réduit à manger dans des fast food, lorsqu’il trouve en Jefferson Farfán un grand frère qui le motive et le relance. Quatre ans après, il aura gagné deux championnats, une Supercoupe, et le public du Philips Stadion ne s’y trompera pas en chantant les louanges de "mi amigo Salcido".

 


Objectif Londres

Après une nouvelle Coupe du monde réussie en 2010, le joueur est alors appelé en Angleterre, pour jouer avec Fulham. Son rêve devient réalité: “C’est plus qu’un rêve de jouer en Premier League car j’ai toujours été un fan du football anglais et je suivais beaucoup d’équipes. Je suis vraiment heureux car depuis que j’ai rejoint Fulham on a tout fait pour bien m’accueillir“. Las, l’aventure ne se déroulera pas comme prévu (23 matches disputés) et le vétéran décide de revenir au pays, afin de conquérir un titre national qui lui a toujours échappé avec Chivas. Ce sera chose faite avec Tigres, dès sa première demi-saison là-bas, et alors que le club courait après un titre depuis dix-neuf ans.

 

 

Mais il lui manquait encore la reconnaissance internationale et un titre suprême pour commencer à envisager, dans quelque temps encore, la retraite. Une fois de plus, sa bonne étoile lui porte chance: Luis Fernando Tena, entraîneur de Tri olympique, a l’occasion, en mai dernier, de renforcer son équipe avec trois joueurs confirmés. Il pense immédiatement au professionnalisme et à l’expérience de Carlos pour participer à la grande aventure britannique. Un peu gêné d’arriver dans un groupe déjà formé et rodé, ce joueur discret refuse le poste de capitaine qui lui est offert, ce qui ne l’empêche pas de mener, du milieu de terrain cette fois-ci, la campagne victorieuse du Tri et de monter sur la plus haute marche du podium de Londres. Le petit laveur de voitures a atteint son graal, mais tout laisse à penser qu’il se remotivera pour aller plus loin encore... jusqu’à Rio peut-être.

 

 


[1] Véritable marathonien des terrains, il est en 2005 le recordman des matches joués dans le monde, s’offrant le luxe de jouer par exemple une rencontre de Coupe des confédérations en Allemagne, et 72 heures après, une autre de Libertadores, avant de partir à la Gold Cup.
 

Réactions

  • Gouffran direct le 14/08/2012 à 05h02
    Quel beau portrait. J'aime bien moi les jeunes quinenveulent!

    Du coup, quid du matelas?

  • Ba Zenga le 14/08/2012 à 11h52
    Déjà que je kiffais ce joueur depuis le Mondial 2010, son histoire me le rend encore plus attachant et respectable.

  • José-Mickaël le 14/08/2012 à 13h32
    Ah oui, très beau portrait !

    J'aime bien la phrase de conclusion, très ouverte : on ne sait pas s'il s'agit de Rio dans deux ans ou de Rio dans quatre ans...

  • Yapéno le 14/08/2012 à 19h25
    Pour la petite histoire, combien de matches a-t-il joué en 2005 ?

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