C'est plus fort qu'eux
Réflexes de beaufs et moqueries faciles: Téléfoot, c'est tout un esprit...
Auteur : Joseph Alfonsi
le 28 Mars 2000
Et tout le monde d’applaudir. Quoi donc? "Les z’insolites" de Christian Jeanpierre, pardi! Comme on a quelques scrupules —de façade— à railler ouvertement les arbitres français, après avoir reçu chaleureusement Michel Vautrot, rien ne vaut une bonne vieille histoire belge pour satisfaire nos non moins bons vieux instincts. Il faut bien rire un peu entre les pubs. Cela tombe bien. Vous vous souvenez du fameux M. Hansion (fameux entre autre grâce Téléfoot)? Et bien figurez vous qu’il a refait des siennes. Allons bon! Parfaitement. Qu’a-t-il donc fait le bougre? Et bien figurez-vous qu’il s’est trompé, Monsieur.
Parfaitement. Mais alors là où c’est drôle —vous allez rire— c’est que, cette fois (pardonnez-moi ,c’est tordant, je m’étrangle), il ne l’a pas supporté, le gars. Il veut mettre fin à sa carrière. C’en est trop, juge-t-il. Il convient. Il avoue. il s’incline. Il fait amende honorable. il bat sa coulpe publiquement avec force larmes, toute pudeur bue. Qu’est-ce qu’on se marre! N’y voyez aucune forme d’acharnement mesquin. On n’est pas comme ça à Téléfoot. Ce n’est pas de la méchanceté. On feint même l’apitoiement, la saine compassion. C’est juste pour le fun. D’ailleurs, on fait bien "l’esprit du sport", juste après, alors!
Chassez le naturel…Cela n’avait pas suffi, au mois d’août, d’éreinter l’homme en noir, en sacrifiant d’ailleurs à quelques amalgames. Peu importait que sur le lot de penalties sifflés et de cartons distribués, certains soient parfaitement justifiés. L’essentiel était d’insister sur la largesse distributive, la promptitude à dégainer du jaune comme du rouge, la générosité dans le défouraillage. De l’abusif pur sel. De l’absence de discernement, en somme. Et, en la matière, on s’y connaît. C’était le début de saison, les vacances encore. On avait de l’opprobre en stock. Il fallait jeter tout ça. Et sur qui ça tombe? Sur du belge. Tu parles d’une aubaine!
Les beaux discours sur les mérites du corps arbitral et la difficulté de la tâche? On les ressort à l’occasion, pour se dédouaner, pour se donner bonne conscience. Un travail explicatif et pédagogique pour éclairer le téléspectateur, à partir des images suscitant les controverses? Difficile, délicat, voire subjectif (s’il faut en plus se taper le règlement, le comprendre, se risquer à une interprétation, émettre un avis pertinent…). Rien à faire. On ne s’en ressent pas.
Alors on donne dans ce qu’on sait faire de mieux. La caresse du poil de beauf dans le sens du marcel. Là, on prétend. On excelle, comme qui dirait. Et lorsqu’on est pris de faiblesse, on peut toujours avoir recours aux services du consultant ès qualités, Monsieur Roux lui-même, toujours prompt au petit coup de main salvateur.