C'est la lutte fatale
Le marché des transferts de cette année reflète encore plus (oui, oui, c’est possible) le mauvais état de nos institutions footballistiques, largement moins égalitaires au fur et à mesure que le temps passe.
Auteur : Clément Jumeau
le 30 Mai 2000
Le marché des transferts de cette année reflète encore plus (oui, oui, c’est possible) le mauvais état de nos institutions footballistiques, largement moins égalitaires au fur et à mesure que le temps passe.
Ainsi ils auront gagné les mauvais bougres assoiffés d’argent et de rentabilité. C’est particulièrement net lorsque l’on s’attache à analyser les premiers mouvements de ce marché aux bestiaux (joueurs ?) de plus en plus proche d’une corbeille de bourse. Les annonces extraordinaires, les superstars ne viendront jamais à Sedan, à Bastia, à Auxerre, à Nantes ou ailleurs, cet ailleurs éloigné de Lyon, Marseille, Paris, Bordeaux, Lens ou Strasbourg, ces derniers lieux où l’on peut espérer construire une équipe ambitieuse. Les centres de formation n’y suffisent plus, les clubs pauvres sont désormais enclins à dépenser à la sedanaise, en piochant en D2, du côté de joueurs volontaires, dont la carrière était prometteuse mais mal gérée à un moment donné.
Lorsqu’on pense qu’acheter un joueur n’est pas chose aisée pour les clubs riches, l’on s’étonne moins de voir que les cinq premiers du championnat 2000 appartiennent au panier supérieur. L’avenir de notre championnat se déclinera sûrement en un combat de titans permettant à de jeunes chevaliers d’espérer, mais c’est tout (Saint-Etienne et Sedan cette saison).
Et il paraît inutile de rappeler que les droits télé sont sous la menace d’une redistribution entre riches, laissant quelques miettes aux autres.
Nul droit au titre, seules les Coupes sauraient leur tendre les bras, à la condition de se battre plus vaillamment encore qu’à l’habitude.
Offrons donc dès aujourd’hui le rôle de surprise potentielle aux clubs désarmés, cessons de voir en eux des outsiders, ce terme ne signifie plus rien. Le championnat n’a plus deux vitesses mais deux étages, et l’un d’eux est déjà complet, l’autre est libre d’être bouleversé. Merci qui?
Clubs pauvres, apprenez ces nouvelles habitudes qui vous serviront lorsque vous rencontrerez vos anciens homologues:
Ne plus dire "victoire" mais "exploit".
Ne plus dire "match nul" mais "mise en échec".
Ne plus dire "défaite" mais "putain presque".
Ne plus dire '"transfert" mais "prêt".
Ne plus dire "centre de formation" mais "banc des remplaçants".
Ne plus dire "bonjour,ça va" mais "je m’excuse de vous faire perdre du temps".
Ne pas aligner son équipe A habituelle sous peine de se faire piquer sa dernière trouvaille.
Ne plus se prendre pour une équipe du championnat mais pour un sparring partner.
Ne plus rien dire du tout.
C’est déjà pas mal.
Une dernière chose pour les supporters : ne pas croire un joueur qui prétend vouloir rester dans son club, il va partir c’est sûr.