British gazon, numéro 2
7, le tarif minimum
Les règles du football stipulent "qu’aucun match ne peut avoir lieu si l’une ou l’autre équipe dispose de moins de sept joueurs". Le cas est rarissime, mais l’arbitre du match de Division One entre Sheffield United et West Bromwich Albion a dû interrompre la rencontre à la quatre-vingt-deuxième minute, la première équipe étant réduite à six joueurs au cours d’une partie assez houleuse que West Brom menait 3-0. Pour une main en dehors de sa surface, le gardien de Sheffield fut rapidement expulsé. Ensuite, ce fut le tour de Patrick Suffo et de George Santos qui se vengea d’un joueur lui ayant cassé la mâchoire d’un coup de coude il y a quelques temps. Rajoutez à cela une sortie sur blessure et une autre pour des crampes, et le compte est bon: six joueurs, tout le monde rentre aux vestiaires.
Le hic dans l’histoire, c’est que les règles ne prévoient pas ce qu’il faut faire en ce cas. Entériner le résultat de la rencontre ou la faire rejouer? Faute de jurisprudence, la ligue doit se réunir jeudi pour trancher sur ce cas imprévu. D’abord prudents, car le cas est inédit en Angleterre, les dirigeants de la ligue laissent maintenant paraître que leur décision pourrait être assez radicale. Non seulement West Brom devrait obtenir le gain du match sur tapis vert, mais des sanctions relativement sévères pourraient être prises contre Sheffield United.
L’entraîneur de West Brom, très remonté à l’issue de l’interruption précoce de la rencontre, affirme en effet avoir entendu des consignes venant du banc adverse incitant leurs joueurs à simuler pour quitter le terrain. Par ailleurs, Suffo et Santos ont d’ores et déjà été placés sur la liste des transferts, et les dirigeants de Sheffield tentent d’éviter la sanction en reconnaissant d’emblée que West Bromwich Albion mérite la victoire. A suivre.
Sven le taiseux
Sven Eriksson doit se réjouir chaque jour du coup de génie ou coup de folie de la sélection anglaise contre l’Allemagne. Cette prouesse lui épargne une campagne de presse classique en cette période d’attente avant la Coupe du Monde. Le canardage de sélectionneur est en effet un sport national dans de nombreux pays, l'Angleterre ne faisant pas exception. Hoddle et Keegan en savent quelque chose pour ne parler que des prédécesseurs les plus récents du Suédois.
A mots de moins en moins couverts, les journalistes britanniques lui reprochent toutefois de ne pas communiquer suffisamment, et ils s’interrogent sur sa capacité à soutenir la pression de la Coupe du Monde qui s’annonce maintenant. Pression qu’ils vont bien entendu largement contribuer de faire monter, d’autant plus que l’entraîneur suédois a annoncé qu’il ne tiendrait pas un journal quotidien de la Coupe du Monde pour la presse (au contraire de Hoddle en 1998), et qu’il obtiendrait de ses joueurs qu’ils en feraient de même. Les commentateurs britanniques sérieux comme Alex Hayes comprennent cette méthode Lemerre. Mais les tabloïds préféraient la guerre ouverte qui faisait rage dans leurs colonnes du temps de Hoddle et Keegan.
L’arbitre oublieux
Aberdeen-Celtic, quart-de-finale de Scottish Cup. L’arbitre qui représentera l’Ecosse à la Coupe du monde de juin prochain, Hugh Dallas, avertit Didier Agathe, l’ailier français du presque déjà champion d’Ecosse, pour une simulation. Carton jaune, bien visible sur les images, mais qu’il oublie pourtant d’inclure dans son rapport. Or, cet avertissement signifiait la suspension du joueur pour le tour suivant. A quelques jours de la demi-finale contre Ayr United qu’Agathe a pour l’instant l’autorisation de jouer, la fédération doit se réunir en comité exceptionnel pour résoudre ce cas également inédit.
Les formidables aventures du sauveur de Bolton
Bolton Wanderers 1-3 Derby County. Il était dit qu’une ancienne étoile du championnat de D1 devait briller au cours de ce match. Et il s’agit de… Ravanelli. Le match était crucial pour Derby qui avait là l’occasion de revenir à un point de leurs adversaires du jour. Mission accomplie, grâce à une hargne et une détermination supérieure, qui explosa lorsque l’Italien marqua le troisième but et célébra cette victoire importante avec emphase. Ce qui fait titrer l’Independent: "Les célébrations de Ravanelli montrent à Djorkaeff ce qu’est un match à six point". Extrait de l’article: "Toute la semaine, Youri Djorkaeff avait erré dans les couloirs de Bolton, essayant de trouver ce que signifiait un match à six point pour la relégation. Il est vrai, le Français, vainqueur de la Coupe du Monde et du Championnat d’Europe, n’est ni habitué aux expressions anglaises, ni aux batailles pour la survie. Jusqu’à présent".
Les déclarations du Français à son arrivée lui ont apparemment valu quelques inimitiés dans la presse britannique, et pas seulement dans les tabloïds. Les premières performances du Snake, pourtant plutôt bonnes sur le terrain, ne lui ont pas permisde faire taire les premiers articles parfois très corrosifs à son endroit. Le challenge est très difficile, il est vrai, mais il est temps pour Youri de réagir, s’il veut connaître les superlatifs dont la presse britannique affuble Pires (‘sublime’ ce week-end pour le Guardian, ‘magic’ pour l’Independent), et un chant plus flatteur de la part des fans des Wanderers que "you’re not singing anymore".
Brève anglaise
Youri Djorkaeff, à la signature de son contrat : "C’était très important pour moi de trouver un club qui a de l’ambition". Et donc, finalement, tu es allé à Bolton?