Brésiliens, renversez la Coupe du monde
Une Balle dans le pied – La FIFA a-t-elle peur que les mouvements sociaux au Brésil perturbent la compétition, ou bien qu'elle-même apparaisse sous son vrai jour aux yeux du monde entier?
(...) Dans les jours qui précèdent une Coupe du monde, il est d'usage de s'interroger sur les forces en présence, sur les potentiels vainqueurs, sur les joueurs que le tournoi glorifiera. Cette fois l'incertitude porte aussi sur la tenue de l'événement lui-même, sur ce qui va se passer autour de lui – au-delà de l'enceinte de stades et des "fanzones". Nous voici à la veille du Mondial le plus incertain de l'histoire, et pas pour des raisons sportives. Car si la mobilisation est moins massive que l'an passé, l'effervescence sociale semble s'être intensifiée à l'approche de l'événement: manifestations, grèves, occupations, actions virales…
L'hypermédiatisation du Mondial rend plus imprévisible sa tournure extrasportive. Avant le premier coup d'envoi, une lumière puissante aura en tout cas été jetée à la fois sur les protestations au sein du pays, et sur les turpitudes de son organisateur. De nouvelles révélations sur l'attribution de la Coupe du monde 2022, comportant de lourdes présomptions de corruption, n'ont pas arrangé les affaires de la FIFA. Le gouvernement du football ne s'est jamais trouvé à ce point dans un tel faisceau d'accusations, rendant quasiment intenable sa position (les anglophones pourront regarder la magistrale démonstration de John Oliver sur la chaîne HBO), entraînant même les sponsors à exiger des explications.
Cette fois-ci, donc, beaucoup de conditions semblent réunies pour qu'il soit impossible d'ignorer l'envers du décor, pour que le sanctuaire du stade laisse filtrer les clameurs de l'extérieur, pour que "l'arrière-plan" passe au premier.
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