Bouchet redouble
Hey, toi le jeune! Tu ne connais pas le sympathique Christophe Bouchet, ex-président de l'OM candidat à la présidence de la FFF? Rappel et Best of.
Le football offre souvent plusieurs vies à ses personnages, qui peuvent ainsi effectuer des come-back plus ou moins fracassants. Christophe Bouchet a connu une vaste bien qu'assez brève notoriété en tant que président de l'OM de 2002 à 2004, durant une des rares périodes de cohérence de Robert Louis-Dreyfus, qui lui avait accordé sa confiance sur la foi... de ses enquêtes assez critiques sur le club. Car Christophe Bouchet a été journaliste avant cette vie-là: sur des radios locales, à l'AFP puis au Nouvel Observateur.
"La meilleure équipe depuis dix ans"
Auteur du livre Comment devenir riche et célèbre sans vraiment le mériter, Bouchet n'entendait pas faire carrière comme plumitif: après Marseille, il reprend une société de marketing sportif puis devient directeur général de Sportfive, l'agence de marketing sportif du groupe Lagardère.
Une trajectoire bien gérée, ou presque: il quitte Sportfive en 2011, alors que l'entreprise périclite, et en 2012 il prend une veste spectaculaire aux législatives (1,62% à Tours) sous la bannière du Parti radical – une formation politique informe qui convient assez bien à l'opportunisme du personnage et au caractère indéfini de ses idées.
À la tête de l'OM, son bilan est d'abord positif: des comptes remis à l'équilibre, l'achèvement de la Commanderie, la Ligue des champions retrouvée. En 2003/04, il sauve sa tête en coupant celle d'Alain Perrin [1] avec lequel il était arrivé, et côté recrutement, réussit un grand coup en faisant venir Didier Drogba – ce qui compense les fiascos Pedretti, Lizarazu et l'imbroglio Barthez [2].
La saison s'achève sur une finale de Coupe de l'UEFA, mais c'est la gestion calamiteuse de l'après-Drogba qui précipitera sa chute: à la suite de la vente de l'Ivoirien (pourtant déclaré "intransférable") à Chelsea, il promet "la meilleure équipe de l'OM depuis dix ans", mais voit sa formation rapidement distancée au classement, le poussant à la démission en novembre.
Plus antipathique que JMA
Christophe Bouchet est par ailleurs resté dans les mémoires comme un militant acharné du libéralisme appliqué au football, avec des positions de nature à faire passer Jean-Michel Aulas pour un modéré. Il obtient d'ailleurs la réforme du système de répartition des droits TV avec l'introduction du "critère de notoriété".
Démagogique et antipathique dans des proportions bien équilibrées, il aura fini par se faire détester de tout le monde. On se souvient qu'il était allé jusqu'à réclamer la restitution du titre de 1993, "remporté sur le terrain" (lire notre article de mai 2003 et ses 267 réactions). Il se signale aussi par son étonnante propension à dire tout et son contraire.
Comme c'est le même homme qui, aujourd'hui, vient de se déclarer candidat à la présidence de la FFF avec autant de légitimité à défendre l'intérêt général du football français qu'un ancien patron de l'industrie pharmaceutique à devenir ministre de la Santé, nous vous avons réservé un petit best-of de ses meilleures déclarations de président de l'OM. Vous comprendrez d'autant mieux celle qu'il profère aujourd'hui.
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[1] Lire "Le difficile an II de l'ère Bouchet-Perrin". Alain Perrin sera accusé par l'OM de "faits de harcèlement sexuel", "exhibition sur le lieu de travail" et "défaut d'information de l'employeur".
[2] Barthez est recruté à l'automne 2003 en provenance de Manchester United, mais les dirigeants découvrent tardivement qu'il ne sera pas qualifié avant le début d'année. Dans l'intervalle, Vedran Runje – qui accomplissait un joli parcours à Marseille – se décomposera complètement. (lire "Barthez, antithèse")