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Blatter intentions

En ne prononçant pas explicitement le mot "démission", Sepp Blatter laisse planer le doute sur ses intentions. D'autant qu'il veut encore se présenter en réformateur-sauveur de la FIFA...

Auteur : Nicolas P. le 15 Juin 2015

 

 

"Je vous aime", clamait étrangement Sepp Blatter après sa réélection du 29 mai, avant d'encourager l'assemblée à "profiter de la vie". Tout juste s'était-il abstenu de conseiller à la planète de vivre "de foot et d'eau fraîche". Quel état d'esprit a bien pu pousser ce vénérable septuagénaire, nouvellement adoubé pour un cinquième mandat, à s'exprimer de la sorte ? Le Suisse n'est pas devenu, du jour au lendemain, un apôtre de l'hédonisme, ni un prophète du libertinage. On l'imagine plutôt submergé par une poussée d'hormones consécutive à un très grand soulagement, après une très grande peur, à la manière de quelqu'un ne croyant pas lui-même avoir pu s'extraire de cette mauvaise passe. Pourtant, quelques jours plus tard, le Valaisan était contraint à ce qu'il a été convenu d'appeler une démission.

 

 

Et s'il restait ?

Un examen attentif de sa déclaration du 2 juin, celle où il annonce la remise à disposition de son mandat, montre que Sepp Blatter n'a jamais prononcé le mot "démission". La nuance passerait pour chicaneuse s'il n'était déjà revenu sur sa promesse de ne pas se représenter aux dernières élections. Dans ces conditions, quel crédit donner à sa déclaration? La presse suisse se faisait d’ailleurs écho, hier, de nombreux soutiens venus d’Afrique et d’Asie, soutiens qui ne le laisseraient pas indifférents... Quoi qu'il en soit, le président de la FIFA ne compte pas rester inactif: il veut profiter des mois qui viennent pour réformer en profondeur la FIFA, c'est-à-dire se "concentrer sur la mise en œuvre des ambitieuses et profondes réformes qui transcenderont [ses] premiers efforts en la matière".

 

Ces velléités de réforme s'inscrivent pourtant contre toute logique: on ne restructure pas une institution en profondeur au moment où le mandat est le plus remis en cause, encore moins lorsqu'une élection cruciale approche et dont les débats se concentreront précisément sur la gouvernance de la FIFA. Quitte à ne pas démissionner purement et simplement, Blatter aurait dû proposer de gérer les affaires courantes jusqu'à ce qu'un nouveau président soit élu, à la manière d'un Alain Poher assurant l'intérim après la démission de Charles de Gaulle, ou du gouvernement de la Ve République en période de campagne électorale. Si le Suisse n'a pas démissionné, et reste formellement légitime en tant que titulaire d'un mandat, une certaine décence imposerait que la restructuration nécessaire de la FIFA soit menée par le prochain président - si tant est, encore une fois, que ce dernier ne soit donc pas Sepp Blatter lui-même. Cette petite année qui nous sépare encore du prochain Congrès avait au moins l'avantage de présenter une plage assez longue pour une vraie campagne électorale fondée sur le débat d'idées. Une série de réformes profondes conduite par un dirigeant discrédité apparaîtrait comme un hold-up sur le mandat du prochain président, sans compter qu'elles disposeraient d'une légitimité très limitée dans l'opinion. Un beau gâchis en perspective.

 

Mais là encore, les intentions de Blatter, s’il se retire vraiment, demeurent relativement incompréhensibles: espère-t-il sauver une réputation, une carrière, en laissant derrière lui autre chose qu'un chapelet de scandales? Pense-t-il pouvoir créer un écran de fumée propre à étouffer les affaires ou pire, lui permettre de revenir sur sa promesse de "remettre son mandat à disposition"? Peut-être croit-il qu'en appliquant de lui-même les modifications souhaitées par ceux qui veulent le voir tomber, il bénéficiera d'une certaine indulgence, en termes de popularité comme en matière de tribunaux. Sans doute veut-il, au moins, gagner du temps. Néanmoins, ces propositions semblent tout à fait dérisoires, pour ne pas dire désespérées. En tout état de cause, les projets de Sepp Blatter paraissent animés par une piteuse volonté de s'en sortir, d'une manière ou d'une autre: sa niaise euphorie consécutive à sa réélection autant que le vœu déraisonnable qu'il fait de révolutionner la FIFA à un moment où chacun attend sa démission – ou sa traduction en justice – montrent assez la bête aux abois qu'il est devenu.

 

L'animal politique n'a pas dit son dernier mot

Autre chose doit nous alerter: l'argument dont le Valaisan avait usé pour battre en brèche l'engagement qu'il avait pris de ne pas se représenter tournait autour des réformes que lui seul pouvait mener à bien. Celles-ci, portant surtout sur le poids du comité exécutif, avaient été défendues et détaillées par un autre candidat que lui, Jérôme Champagne, qui par ailleurs n'a cessé de fustiger l'UEFA tout en absolvant le président en place. L'absence de candidat sérieux face à lui – le score du prince Ali a certainement été gonflé par les arrestations intervenues quelques jours avant – devait justifier la poursuite d'un cinquième mandat. L'ouverture de grands chantiers à l'orée de la prochaine élection pourrait servir à motiver une énième et délirante candidature au poste suprême.

 

Au fond, la possibilité de se présenter constitue le problème principal de Sepp Blatter, son élection ne faisant guère de doute, même au plus fort de la tempête. Toutes ridicules que puissent être ses lubies de dernière minute, il y a fort à parier que l'animal politique n'a pas dit son dernier mot. Aussi incroyable que la chose puisse paraître, Blatter a encore quelques cartes à jouer: "vengeance" des autorités américaines après un échec dans l'attribution d'un Mondial; acharnement de la presse britannique pour les mêmes raisons; voracité à peine voilée d'une UEFA dont le président passe aux yeux de beaucoup comme un clone du Suisse et qui a voté pour le Qatar; sombres jeux géopolitiques visant à nuire aux deux pays hôtes des Coupe du monde 2018 et 2022. Autant d'éléments qui pourraient ternir la contestation anti-Blatter et que ce dernier pourrait sortir de son chapeau à l'occasion, en se posant en victime expiatoire d'un système qu'il aurait lui-même subi. Après tout, il a déjà montré une capacité impressionnante à se maintenir là où il ne devrait plus être depuis très longtemps...

 

Réactions

  • Ba Zenga le 16/06/2015 à 15h37
    Effectivement, tout ceci est bien chelou. Bel article de synthèse qui fait le point et met en garde.

La revue des Cahiers du football