Bierhoff 1996, buteur en or
Un jour un but – Le 30 juin 1996 à Wembley, Oliver Bierhoff donne la victoire à l'Allemagne en marquant le premier but en or de l'histoire.
Un long ballon venu de l'arrière a expédié les attaquants allemands dans la surface tchèque. Klinsmann le récupère côté droit, surveillé par Suchoparek. Le capitaine de la Mannschaft se retourne et centre sur sa gauche, où Bierhoff récupère le ballon. Dos au but, le remplaçant allemand est collé par Karel Rada, mais il parvient à se retourner et à tirer...
Pour la première fois de l'histoire un grand tournoi de foot avait instauré le principe du but en or. Une règle simple: la première équipe qui marque durant la prolongation remporte la rencontre. Curieusement, ni les quarts de finale, ni les demies n'avaient permis à cette règle de décider pour la première fois du sort d'un match. Crispés par l'enjeu autant que par la fatigue, les joueurs n'osaient plus prendre le moindre risque et les quatre prolongations avaient été à leur terme sans le moindre but, laissant place à l'épreuve des tirs au but que le but en or était justement censé raréfier.
Ainsi donc, vingt ans après le Tchécolovaquie-RFA qui avait "inventé" les tirs au but, une finale du Championnat d'Europe opposant quasiment les deux mêmes nations "invente" le but en or.
Le jour du remplaçant
La finale avait été intéressante, où la surprenante République tchèque (tombeuse de la France en demies) avait ouvert le score sur un penalty de Patrik Berger à l'heure de jeu. C'est alors que Berti Vogts, le sélectionneur allemand, fit un changement décisif en remplaçant le milieu de terrain Mehmet Scholl par un attaquant quasi-inconnu, Olivier Bierhoff.
Celui-ci a pourtant vingt-huit ans, mais il n'a connu sa première sélection que quatre mois avant l'Euro. Son parcours atypique l'avait vu quitter l'Allemagne dès l'âge de vingt-deux ans pour faire carrière dans des clubs de second plan: l'Austria Salzburg, d'abord, puis à Ascoli en Italie (prêté par l'Inter Milan) et Udine, qu'il a rejoint en 1995. Ses exploits frioulans ont attiré l'attention de Berti Vogts, qui l'a appelé pour un Allemagne-Portugal amical en février 1996. Un doublé contre le Danemark lors de sa deuxième sélection a convaincu le sélectionneur de l'embarquer pour le championnat d'Europe anglais.
Triple double à l'Allemande
Bierhoff n'est alors qu'un remplaçant ne jouant que des bouts de matches. Son apparition tardive en finale va bouleverser son destin. Cinq minutes après son entrée en jeu, il est la réception d'un coup franc lointain d'Andreas Möller, qu'il propulse de la tête dans la cage de Petr Kouba. Prolongation.
On joue la 95e minute quand Klinsmann trouve Biehroff dos au but. Le tir ne semble pas vraiment dangereux, mais il est légèrement dévié et Petr Kouba est surpris. Le gardien s'interpose mais le ballon glisse sur ses gants. Kouba le regarde alors, impuissant, rebondir, toucher le poteau et franchir doucement la ligne.
Les Allemands exultent et les Tchèques se prennent la tête entre les mains. Un drôle de sentiment envahit le stade. Le public a encore du mal à réaliser que le match vient de se terminer. Tout comme le tournoi, d'ailleurs.
Oliver Bierhoff rejoint dès lors Gerd Muller et Horst Hrubesh dans l'histoire, eux qui, comme lui, avaient inscrit en finale de l'Euro un doublé qui ouvrait la voie du triomphe à la Mannschaft.
Au lendemain de l'Euro, l'obscur remplaçant exilé change de statut. Il marque buts sur buts à Udine et devient meilleur buteur de Serie A en 1998. Après la Coupe du monde en France, il rejoint l'AC Milan, où il évoluera pendant quatre saisons, avant d'aller finir sa carrière à Monaco puis à Vérone. Devenu membre à part entière de la Mannschaft, il totalisera finalement soixante-dix sélections.