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Comme le Chenez au milieu de la figure

On peine à expliquer ce phénomène, mais la retraite de Bernard Chenez a fait sortir Jean-Patrick Sacdefiel de la sienne. Notre bilieux chroniqueur s'est invité au pot de départ du dessinateur.

Auteur : Jean-Patrick Sacdefiel le 11 Jan 2014

 

 
"Sors d'ici, Bernard Chenez!" Si Malraux était encore vivant, et s'il en avait eu quelque chose à faire du sport (vous avez remarqué qu'on a donné son nom à des théâtres et des MJC, pas à des gymnases), c'est probablement avec ces mots qu'il aurait salué le départ en retraite du dessinateur attitré, depuis vingt-cinq ans, du quotidien sportif L'Équipe.
 

 


 


La dépêche AFP recopiée par tous les médias parle de "style inimitable". Il manque "absence de" devant cette locution, qui serait devenue tautologique, mais qui aurait eu le mérite d'être exacte. Son premier dessin publié l'a été par Le Monde en 72 au moment de la prise d'otage de Munich: les anneaux olympiques ensanglantés. Comme un symbole sur un autre symbole. Une carrière était née. Chenez allait mettre la larme à l'œil de générations de lecteurs à chaque fois qu'une gloire sportive passerait l'arme à gauche, représentée marchant sous un ciel étoilé vers le nirvana des cyclistes overdosés ou l'éden des footballeurs qui roulent trop vite.


Comme Yves Duteil, Didier Roustan ou les bonnes âmes qui ont inventé les protocoles d'entrée sur le terrain, il aime les enfants qu'on prend par la main et les métaphores aussi grossières que son trait. Il a probablement adoré Les Choristes. Chenez ne se contente pas de dire que les méchants sont méchants et que les gentils sont gentils, il l'explique. Vous colle l'évidence sous le nez, avec l'intention manifeste de vous l'y fourrer jusqu'aux lobes occipitaux. Charles Biétry, lui-même grand collectionneur de poncifs, n'avait manqué de le recruter pour nous l'infliger aussi en version télévisée sur Canal+.


Aussi consensuel, fadasse et pasteurisé que le Caprice des Dieux, Chenez a milité en faveur d'un humour rigoureusement inepte, résolument inoffensif. Un humour familial, sain, hygiénique, qui nettoie le mauvais esprit. Un humour qui respecte les personnes. Faire rire avec des bons sentiments, voilà qui me dépasse. Faire rire de pitié, peut-être? Si des bataillons de crétins encore plus réactionnaires que moi n'avaient galvaudé l'expression, je proposerais son œuvre complète – ou n'importe quel échantillon de celle-ci – comme définition du politiquement correct.


Une fois, une seule, il s'est abandonné à de vils sentiments. Au lendemain du barrage à scandale France-Irlande en 2009, démuni par la colère, il ne trouve que la trivialité pour fustiger Raymond Domenech, dressant un majeur et écrivant le mot "cul" sur un dessin dont on comprend qu'il charge Raymond Domenech, mais dont le propos reste aussi abscons qu'une question de Laurent Paganelli ou une réponse de Taiye Taiwo. Son rival en niaiserie, Christian Jeanpierre, allait un peu plus tard tirer sur le même cadavre: les braves gens sont rarement courageux.


Je ne me ferai pas l'insulte de citer du Audiard, mais sachez que Chenez est pilote d'ULM. Au pays des platitudes, il n'a jamais eu aucun mal à se poser.

 

Réactions

  • Coach Potato le 11/01/2014 à 05h51
    Quand t'erres dans le désert

    Égaré dans ton désert sans trop d'espoir de retour
    Aigri, prenant de l'âge, avec seulement du sable autour
    Certains doutaient de te revoir un jour.
    Les rhizomes de l'amicale des marchands de merditudes
    N'ont jamais pris racine sur des terres de qualitude
    Sont pas trop solidaires du tout d'la bravitude.

    {Refrain:}
    Quand t'erres dans le désert
    En faisant ton temps
    Un jour elles te désespèrent
    Toutes ces règles faisandées
    Du jeu que l'on doit jouer
    Qu'avec les pieds

    Les vautours de leur perchoir guettent la sortie de piste
    Tournoient au-dessus de toi en poussant leur cri sinistre
    Je crois qu'ils gouttent la chair de cédéfiste.
    La sentence chez ces rapaces sera toujours atavique
    Assis-toi sur un banc et il pleuvra des verdicts
    Ils t'assassinent de façon mécanique.

    {Refrain:}
    Quand t'erres dans le désert
    En faisant ton temps
    Un jour elles te désespèrent
    Toutes ces règles faisandées
    Du jeu que l'on doit jouer
    Qu'avec les pieds

    Il parait que les prophètes finissent tous finissent tous par rendre les armes
    Ils lancent des anathèmes, c'est ça qui doit faire leur charme
    Quand le sage lit leur une même l'idiot fond en larme.
    Comme t'es sorti de nulle part, tu m'as demandé comme ça :
    "La dernière coupe du monde, c'est bête d'avoir raté ça !"
    Va falloir parler du bus de Knysna

    {Refrain:}
    Quand t'erres dans le désert
    En faisant ton temps
    Un jour elles te désespèrent
    Toutes ces règles faisandées
    Du jeu que l'on doit jouer
    Qu'avec les pieds

    Le dernier homme que t'a vu t'apportait du papier bleu
    La liberté de blâmer te rend parfois malheureux
    T'espères seulement pas devenir comme eux.
    Comme t'as voulu des nouvelles, sur les lumières de la ville :
    "Le football est un temple pour les marchands les plus vils''
    T'as m'a demandé si j'avais un Advil©"

    {Refrain:}
    Quand t'erres dans le désert
    En faisant ton temps
    Un jour elles te désespèrent
    Toutes ces règles faisandées
    Du jeu que l'on doit jouer
    Qu'avec les pieds

  • Paul de Gascogne le 11/01/2014 à 09h08
    J'ai toujours présenté Chenez comme le degré zéro de l'humour. Même du haut de mes 8 ans, je me demandais par quel incroyable concours de circonstances il avait bien pu faire du dessin humoristique son métier.

    Outre l'absence d'humour, depuis quelques années avait rajouté à sa palette de médiocrité une pseudo-poésie métaphorique qui rendait le sens même du "propos" absolument inatteignable. En ce sens, ses séries de dessin pour la couverture des J.O. (2008 ?) étaient spectaculaires : à se demander s'il passait ses semaines sous LSD ou bien si pour la déconne il laissait publier ses potes ou ses gosses pour voir si ça passerait comme une lettre à la poste.

    Bref je déteste ce mec pour la simple raison qu'il prive de lumière un des 134 628 mecs à infiniment plus talentueux que lui. Du coup je suis un déçu du portrait de Jean-Patrick. Je ne reconnais pas vraiment son style, et notamment ses inimitables envolées lyriques tout en second degré.

    Bon allez, j'arrête là, pour fêter cette retraite, m'en vais déboucher un Pommard. Oui oui, au p'tit déj.

  • le petit prince le 11/01/2014 à 11h13
    Chenez s'en va. Sacdefiel revient. Ce mercato devient plaisant.

    Mais Sacdefiel va-t-il retrouver son niveau ? L'ancien buteur semble peu affuté encore, il a disputé ce match contre Chenez en marchant.

    Peut-être que la cible était trop facile, et ne méritait pas qu'on y porte trop d'une attention qu'elle a déjà suffisamment captée pendant tant d'années par ses couleurs criardes, la brutalité d'un trait resté figé à la découverte de Paintbrush sur Windows 3.1, et son incroyable exposition médiatique.

    Attendons donc de voir Jean-Patrick à l'œuvre contre un vrai adversaire, et quand il sera plus en jambes.

    (Et puis les dessinateurs des Cahiers du Foot, hein...

    J'étais toujours étonné qu'aucun dessin du magazine papier ne m'arrachât le moindre sourire ou la plus légère once d'admiration, surtout en supposant que leurs auteurs étaient souvent dédommagés, contrairement aux rédacteurs des articles qui soulevaient mon enthousiasme immodéré.

    Je trouvais souvent ces dessins "laids", et il aurait fallu qu'ils fussent particulièrement "bons", ou spectaculairement "vrais", pour compenser l'insolence de ce manquement à mon plaisir esthétique. Sans doute le furent-ils. Au moins parfois. Mais cela m'échappa toujours.

    Puis il y a eu l'expérience TouFoulCan sur le site. Succès mitigé.

    Reste le talent certain de quelques crayons qui hantent ce forum, mais je ne me souviens pas de productions de leur part pour le site, ma mémoire me fait peut-être défaut.)

    Quoi qu'il en soit, welcome back, Jean-Patrick. On met de côté des sous pour quand tu redeviendras vraiment méchant avec des gens importants.

  • Tonton Danijel le 11/01/2014 à 11h29
    Paul de Gascogne
    aujourd'hui à 09h08

    J'ai toujours présenté Chenez comme le degré zéro de l'humour.

    - - - - - - - - - - - - - -

    Heu... J'irai pas jusque là car actuellement on serait dans le négatif avec Hugo (pas sûr?), son successeur, dont je ne saisis même pas le concept de ses dessins. Il s'avère qu'à Noël 1996 on m'avait offert un livre de ses meilleurs dessins de l'année. Très inégal (je n'aurais jamais acheté ce livre), mais il y avait quelques croquis acides vis-à-vis des Jeux Olympiques de Coc... d'Atlanta assez étonnant pour "L'Equipe".

  • El Mata Mord le 11/01/2014 à 13h59
    Ah, je découvre M.Patate...elle est très jolie celle là !

    Quant à Chénez, il avait le mérite de vulgariser le sport sans être méprisant.
    Même si ici notre degré d'exigence est bien plus élevé.

  • Jamel Attal le 11/01/2014 à 15h51
    @le petit prince
    Si tu n'as jamais trouvé le moindre dessin du mag intéressant, je me permets de te demander si, d'une manière générale, tu trouves des dessins de presse / d'actu intéressants, et quels dessinateurs de ce genre tu apprécies. Après, je sais bien quel est le degré d'exigence des plus exigeants de nos lecteurs. Question subsidiaire: connais-tu des dessinateurs susceptibles de satisfaire cette exigence (sur le foot)?

    Cela étant, les dessins ne constituaient pas notre principal élément de satisfaction. Un facteur d'explication tenait au fait que tous ne maîtrisaient pas les subtilités de nos références footballistiques, et que trouver des dessinateurs à la fois talentueux et au fait du foot est très difficile. Mais leurs productions, certes inégales, nous convenaient, et nous leur sommes reconnaissants de leur contribution.

    Pour ma part, dans ce domaine, c'est un peu comme pour les humoristes: les dessinateurs que j'aime sont rarissimes (et beaucoup sont chez Charlie Hebdo). Mais j'adorais Barros chez nous, dont le trait est particulièrement trash (et pas que le trait d'ailleurs), ce qui ne devrait pourtant pas être à ce point dissuasif pour nos esthètes de lecteurs. Ses productions sont visibles ici: lien

    Je découvre par ton message que nous avons des lecteurs-forumistes dessinateurs, je suis surpris que nous n'ayons jamais reçu de leur part de propositions – surtout qu'aujourd'hui encore, nous serions ravis d'accueillir une rubrique dessin. En revanche, des propositions calamiteuses, à un degré difficile à concevoir, nous n'en avons pas manqué.

  • Moravcik dans les prés le 11/01/2014 à 15h54
    Une cible un peu trop facile en guise d'échauffement, mais que ça fait plaisir de voir revenir JP !

    Par contre, si Ribéry a le ballon d'or lundi, faire le seul article négatif du pays, voilà un challenge à sa hauteur.

  • Moravcik dans les prés le 11/01/2014 à 15h56
    Comme dessinateur sur le sport, il y a Lefred-Thouron quand même, non ?

  • Tonton Danijel le 11/01/2014 à 16h16
    Non mais on parle des dessinateurs, là, difficile de faire rentrer Lefred-Thouron dans cette catégorie (mais il est très bon, en effet).

  • le petit prince le 11/01/2014 à 17h37
    Puisqu'on parle de dessin, je crois que j'ai forcé le trait.

    Oui, Lefred-thouron, c'est exactement ça : ses dessins sont la laideur absolue selon mes goûts. Non, pas du tout absolue, il y a bien pire chez ses collègues à Charlie Hebdo et ailleurs. Et l'esthétique prime pour moi partout, même dans le dessin de presse. Malgré cela j'aime bien pas mal de ses dessins parce que je les trouve très "bons" ou "tellement vrais". Pareil pour Brétecher à l'époque. Quand le coup d'œil ou le coup de bistouri est si acéré, difficile de ne pas dépasser ses considérations esthétiques.

    Je n'aime pas beaucoup de dessinateurs de presse en fait et ne suis fan d'aucun. Peut-être ceux du Monde, que d'autres trouvent fades : j'aime bien le trait de Pancho, les inspirations de Konk, Serguei, Pessin. Bizarrement la tête de gondole Plantu me plaisait moins souvent. Mais en fait je ne lis presque plus Le Monde. J'avais rencontré Giéfem (dessinateur pour la PQR) un type qui travaillait à l'ancienne avec un grand bureau en bois couvert d'un joyeux fouillis d'encres feuilles et plumes tel une île au milieu de l'openspace ultramoderne du journal l'Alsace. Et je m'étais rendu compte du talent, crayon en main, de quelqu'un dont les dessins de presse ne m'avaient pourtant jamais intéressé de quelque point de vue que ce soit, et de la difficulté de ce travail. Donc je dois être beaucoup trop exigeant dans l'appréciation de cet exercice.

    Sinon j'ai quapprécié des inspirations de Sempé, et je confesse même une certaine indulgence passée, rare, coupable, cachée, avouée, recachée, regrettée, expiée même, pour ce grand conservateur de Jacques Faizant dans ses jeunes années. Tu vois, je suis irrécupérable. J'ai envoyé à un ami une carte postale de lui qui doit dater de 1958 (?) où son personnage fétiche, la grosse vieille dame bourgeoise, est allongée chez un psy un peu interloqué, à qui elle est en train de raconter "Cisowski s'avance, je bloque, je descends, je descends, je dribble, je shoote, je marque le premier but...". Ce même ami m'a offert le recueil des dessins refusés du New-Yorker et il y en a quelques-uns de géniaux. J'aime particulièrement quand la forme du dessin est très propre (du genre ligne claire, finesse, voire élégance...) et le fond très sale.

    C'est bizarre que les Cahiers reçoivent des textes de toute sorte, des vidéos, des photomontages, et jamais de dessins de qualité de ses contributeurs. Les lâches. Mais je ne donne pas de nom.

La revue des Cahiers du football