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Bergkamp 1998, le jardin suspendu

Un jour, un but - En trois touches de génie, Dennis Bergkamp réduit Roberto Ayala et Carlos Roa au rôle de victimes d’un but d’anthologie qui qualifie les Pays-Bas pour le dernier carré de la Coupe du monde 1998.

Auteur : Christophe Zemmour et Richard Coudrais le 9 Juil 2014

 

 
Les Pays-Bas se plaisent dans la cité phocéenne et veulent y rester. Ils y ont déjà défait la Corée du Sud (5-0) lors de la phase de poules de ce Mondial français. Dennis Bergkamp avait inscrit ce jour-là le troisième but, comme il ouvrit le score dans le huitième de finale contre l’équipe yougoslave, durant lequel il étala talent et insolence, et mis à mal Siniša Mihajlovic. Lors de ce quart l’opposant à l’Argentine, il a déjà offert, d’une tête, un caviar à Patrick Kluivert. Et malgré la situation tendue de fin de match, les deux équipes étant réduites à dix – à la suite des expulsions d’Arthur Neman (76e) et Ariel Ortega (87e) – et promises à la prolongation (1-1), Bergkamp va trouver le moyen d’illuminer bien plus encore cette belle et ardente fin d’après-midi de juillet 1998.

 


 


Trois touches

La transversale de Frank de Boer est exécutée une bonne dizaine de mètres avant la ligne médiane, depuis le camp batave. Diagonale et puissante, elle est surtout d’une impeccable précision. Comme le service d’Arnold Mühren pour Marco van Basten en finale de l’Euro 1988, la passe du défenseur néerlandais va être à l’origine d’une conclusion de légende. À l’arrivée, dans la surface, il y a Bergkamp. Les deux coéquipiers s’étaient “vus”. Contrairement à son illustre prédécesseur, l’attaquant oranje ne choisit pas la reprise de volée. Il veut contrôler le ballon, avant ou après le rebond. Mais Dennis est un esthète et il opte pour l’amorti aérien. Il expliquera ainsi à David Winner, dans une délicieuse interview publiée dans le numéro 1 de The Blizzard: “Ce que je veux, c’est être hyper stable. C’est une question d’équilibre. Tu dois rester aussi calme et immobile que possible, comme si tu te tenais debout sans bouger... Mais en l’air, et en contrôlant le ballon. Ensuite, quand je le récupère, je pense juste: ‘C’est la première étape.’"
 

La coordination et la grâce du saut sont stupéfiantes. Parce que le ballon retombe à l’endroit idéal et parce que sa vitesse est réajustée pour permettre la suite. Il a d’ailleurs seulement commencé à remonter que Bergkamp a déjà Roberto Ayala qui revient sur lui. Le numéro 2 argentin est effacé d’un petit pont. “Mon métier, c’est de défendre, mais on peut pas le faire sur les coups de génie”, confiera-t-il pour témoigner de ce but, comme de celui de Michael Owen au tour précédent. Il y a aussi du génie dans la frappe finale de l’extérieur du droit qui passe au-dessus de l’épaule de Carlos Roa et va se nicher en pleine lucarne. “Je me dis que ce n’est pas le bon angle pour la prendre du gauche. Alors je choisis le droit, je vise le poteau opposé et hop. C’est ce que je voulais. La mettre loin du gardien. Je ne me dis jamais qu’il peut l’arrêter.”


 

 

Cinq fois Bergkamp

L’Albiceleste est KO. Qu’aurait donné l’explosion de joie d’un commentateur argentin si le but avait plutôt été inscrit, à ce moment crucial, en faveur de la sélection de Daniel Passarella? Très probablement une émotion comparable à celle de Jack van Gelder qui cria cinq fois de suite le nom de Bergkamp à la radio batave. La maîtrise technique de ce but est divine, autant que sa conception est brillante. “Derrière chaque action, il doit y avoir une pensée”: telle est la vision du football d’un joueur que Thierry Henry, qui a côtoyé les deux hommes, considère meilleur que Zinédine Zidane dans sa perception et sa lecture du jeu. Pour David Endt, journaliste et team manager de l’Ajax Amsterdam entre 1997 et 2013, “les secondes des grands durent plus longtemps que celles des gens normaux”. En effet, et tant mieux pour notre plaisir.
 

“Perfection” est sans doute le mot qui vient le plus naturellement à l’esprit quand il s’agit d’évoquer ce moment suspendu. Bergkamp, qui considère ce but comme le plus beau de sa carrière, à cause de son contexte notamment, le juge également de la sorte. “C’est comme si tout ce que tu avais vécu dans ta vie t’avait conduit à ce moment précis.” Mais malheureusement, les Pays-Bas échouent sur ce même terrain marseillais en demi-finale face au Brésil, victimes d’un Ronaldo retrouvé et des tirs au but. Comme deux ans plus tard lors de l’Euro domestique, quand ils seront incapables d’inscrire un but à une Italie héroïque réduite rapidement à dix et à un Francesco Toldo en état de grâce. Par deux fois, cette génération prometteuse rate une grande finale face à la glorieuse équipe de France de la fin du vingtième siècle. Pour les amoureux de Bergkamp, qu’importe, puisqu’il y a ce but mythique contre l’Argentine, entre autres joyaux marqués à Leicester et Newcastle. Mais ceci est une autre histoire.

 

Réactions

  • Hydresec le 09/07/2014 à 14h56
    L"insolence" de Bergkamp contre la Yougoslavie, ça inclut l'écrasement du torse de Mihajlovic ? Arbitré comme l'essuyage de crampon zidanesque sur le joueur saoudien (moins flagrant), cet article n'existerait pas.

  • Ba Zenga le 09/07/2014 à 15h19
    Oui, insolent, je ne me permets pas d'aller plus loin. Je suis bien incapable de juger un arbitrage ou une faute volontaire, alors je n'en dis pas plus.

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