Paul Le Guen
Lorsqu'il a annoncé qu’il quittait Lyon, tout le monde se demandait où il pourrait rebondir. Les médias se sont amusés tout l’été à lui proposer des destinations plus ou moins exotiques (Allemagne, Italie, Grèce, Ukraine…). Et aujourd’hui, son seul contrat de travail est celui qui a fait de lui un consultant de luxe pour Canal+. La semaine dernière, il était encore pressenti à Madrid. Alors ? Année sabbatique ou reprise d’un grand club à la peine ? Connaissant le mutisme leguenesque, les journalistes risquent d’avoir du mal à recueillir la moindre information.
Son point fort : c’est un très bon entraîneur.
Son point faible : c’est un trop bon entraîneur.
Son emploi idéal : conseiller technique de la L1 pour mettre fin à l’hégémonie de l’OL.


Guy Lacombe
Il a quitté Sochaux en conflit avec son président. Compte tenu du pillage répété de son équipe (Frau, Pedretti, Santos, Mathieu, Monsoreau, Oruma…), il n’a pas forcément à le regretter. Mais s'il espérait bien rebondir dans un club plus prestigieux, les arrivées de Gérard Houllier à Lyon, de Jean Fernandez à l’OM et finalement de Guidolin à Monaco n’ont pas arrangé ses plans. Il devra peut-être finir par postuler à un contrat nouvelle embauche pour faire plaisir à Villepin. Il serait cependant étonnant qu'il n'exprime pas sa légendaire nervosité sur un banc de touche avant la fin de la saison.
Son point fort : Dominique Bijotat lui fait de la pub chaque samedi.
Son point faible : sur le marché de la moustache, Artur Jorge et Denis Troch sont mieux équipés.
Son emploi idéal : doublure de Rolland Courbis quand ce dernier devra passer un mois dans les prétoires marseillais cet hiver.


Raynald Denoueix
Autre entraîneur annoncé dès qu’un poste se libère (ou avant même que ce soit le cas), Raynald Denoueix est en attente. Peu respectueux des mesures gouvernementales, il se permet même de refuser des propositions de travail (Guingamp la semaine dernière). Même s’il n’a plus entraîné depuis deux ans, il conserve sa bonne réputation, étant encore perçu comme le héros nantais injustement licencié quelques mois après son exploit (la phrase fonctionne aussi en remplaçant Nantes par San Sebastian).
Son point fort : Serge Le Dizet.
Son point faible : une fois qu’on a entraîné Nantes, on n’entraîne nulle part ailleurs.
Son emploi idéal : titulaire d’une chaire d’histoire : "Le jeu à la Nantaise, mythe ou réalité?"


Jean Tigana
Certains l'ont déjà vu dans le rôle de remplaçant de Jean Fernandez avant même que l’été se termine (les mêmes qui avaient annoncé Houllier au PSG l’hiver dernier?) Tigana est sans club depuis son licenciement de Fulham (qu’il avait fait remonter en Premier League puis mené en coupe d’Europe, avec le chéquier de Mohamed Al Fayed). Est-il utile de rappeler que Tigana faisait partie des entraîneurs pressentis pour reprendre l’équipe de France ? Ce qui signifie qu’en cas d’échec en Suisse, voire à la Coupe du monde, il réapparaîtra comme sélectionneur potentiel (avec un certain Didier Deschamps, nouveau candidat depuis 8 jours).
Son point fort : depuis le succès d’Amadou & Mariam, le Mali revient à la mode.
Son point faible : dans les prochains mois, il risque d’être plus présent à la barre que le long de la main courante.
Son emploi idéal : testeur chez un fabricant d’allumettes.


Luis Fernandez
Tout aussi plombé par sa réputation parisienne, Luis Fernandez est parti cet été au Qatar, où il peut relancer d'autres bannis comme Fabrice Fiorèse ou Salomon Olembe. Il rebondira peut-être en Espagne, seule contrée où il conserve un minimum de crédibilité, notamment après avoir sauvé l’Espanyol de la relégation. Ailleurs, il est soit inconnu, soit grillé.
Son point fort : c’est un spécialiste des cas désespérés.
Son point faible : les présidents suicidaires ne courent pas les rues.
Son emploi idéal : guide touristique à Paris pour les deux Uruguayens du PSG en attente de papiers.


Philippe Troussier
Le sorcier blanc a, lui, tenu jusqu’à l’ultime journée du championnat 2005 (il faut dire qu’il était arrivé en cours de saison). Il n’y avait guère que Marseille pour donner sa chance à un entraîneur aux références aussi maigres, on se demande du coup s'il pourra prouver un jour qu’il est compétent sur une saison.
Son point fort : on pensera toujours à lui avant de penser à Metsu
Son point faible : les camps disciplinaires n'ont pas la cote chez les joueurs.
Son emploi idéal : agent de Kodji Nakata.


Bruno Metsu
Lui aussi a perdu sa place à l’OM cet été. Ayant bruyamment fait acte de candidature avant même la fin de saison, sa cote n’a pas duré plus longtemps que son interview à France Foot dans les kiosques. Comme Troussier, il est plus estampillé sélectionneur qu’entraîneur, malgré une courte expérience à Sedan.
Son point fort : il est plus bronzé que tous les entraîneurs de L1 réunis.
Son point faible : il ressemble à Michael Bolton.
Son emploi idéal : entraîneur du Togo pour battre la France au Mondial 2006. Ou entraineur de Bolton.


Gernot Rohr
Artisan du miracle niçois — avec un sauvetage in extremis suite à des déboires financiers et la construction d’un groupe exemplaire (à défaut d'un stade) autour de José "Warlord" Cobos —, le plus français des Allemands a fini par payer les conséquences de ses rapports orageux avec Maurice Cohen et d’une ultime saison chaotique.
Son point fort : il est presque aussi doué que Rolland Courbis pour trouver des excuses foireuses.
Son point faible : il ne veut travailler que dans un rayon de trente kilomètres  autour de Bordeaux.
Son emploi idéal : entraîneur de Libourne Saint-Seurin.


Alain Giresse
Licencié du poste de sélectionneur national de l'une des nombreuses contrées de l'ancienne URSS, l'ancien joueur des Girondins passe aujourd'hui son temps libre dans les tribunes des stades français. On se souvient l'avoir vu envoyer une lettre de motivation à la rédaction de France Football qui, prise de pitié, avait accepté de la diffuser dans ses pages. Mais aujourd'hui, il n'y a vraiment que son fils Thibault qui soit demandeur de conseils footballistiques de l'ancien membre du carré magique des années 80.
Son point fort : il a très peu d'amour-propre, et peut travailler avec n'importe quel président psychopathe.
Son point faible : à Toulouse, seul club en mesure de le recruter, Erick Mombaerts a signé un contrat emphytéotique.
Son emploi idéal : entraîneur des Géorgiens de Bordeaux.


Loïc Amisse
Malgré une seule infidélité avec Angers en 90-91 lors de ses 32 années d’activité professionnelle dans le football, le feu follet de Marcel-Saupin n’en fut pas moins jeté comme un malpropre de son poste d’entraîneur, par la seule entremise d’un  gardien de but qui cherche à quitter le navire depuis cinq intersaisons.
Missionné par tout le peuple de Loire-Atlantique pour faire rejaillir la splendeur tactico-technique locale de ses cendres, il aura connu une ascension dans le métier aussi progressive et sûre que sa chute fut brutale et définitive.
Son point fort : une raie sur le côté impeccable, très FC Nantes des seventies.
Son point faible : couturière expérimentée exigée pour les shorts sur-mesure avec ourlet.
Son emploi idéal : successeur de Joël Muller à l'UNECATEF, après un putsch rondement mené.


On pourrait ajouter à cette liste d’autres techniciens qui n’ont pas fini la saison dernière, comme Patrick Remy (ex-Caen), ou l'enrichir avec les titulaires de la carte grands voyageurs. Ceux qui travaillent presque exclusivement à l’étranger, de cette famille d’entraîneurs qui ont eu en main des équipes ou des sélections improbables sans que cela ne passionne qui que ce soit. Mais qui donc pourrait souhaiter le retour en Ligue 1 de Robert Nouzaret? Voire, à un degré moindre, de Guy Stephan ou de Claude Le Roy (dans la même catégorie, mais les voyages en moins, on taira le nom de Gérard Gili, de peur de le voir reprendre de l’activité)?

Les paris sont ouverts, en n’oubliant pas que, pour les présidents prompts à suivre la vindicte populaire, la solution se trouve souvent en interne, avec les adjoints et autres responsables de centres de formation… nommés à des postes desquels ils seront virés quelques mois plus tard. Mais en attendant, cela ne résout pas le sort des chômeurs de longue durée.