Ballon d'Eau fraîche 2016/17, les candidats : Andrea Raggi et Hiroki Sakai
Défenseurs que personne n'attendait, ils se sont imposés sans bruit au milieu du fracas, résistant aussi bien aux déboires de leurs clubs qu'à leurs retours en grâce. Raggi et Sakai défendent sur la même ligne.
Raggi, au service des princes
Il n'était probablement pas censé être là. Prêté un peu partout par son club de Palerme, défenseur méconnu de vingt-huit ans, il a rejoint Monaco dans l'indifférence générale. Cinq ans et deux cents matches plus tard, Andrea Raggi n'est pas devenu une référence à son poste, mais il a toujours répondu présent. Face à des adversaires de Ligue 2 comme de Ligue des champions. Il y a en lui un certain archétype: "Raggi vient de faire quelque chose que seul un défenseur italien peut faire!", s'exclama le commentateur de Monaco-Manchester City sur la chaîne qui diffusait le match en Italie, après une intervention acharnée de son compatriote.
Comment ne pas apprécier ce joueur viril mais correct, très peu averti et toujours bon esprit? Cet amateur de pêche, qui y vit des émotions fortes: "Quand tu pêches, tu ne penses à rien, tu regardes le bouchon, tu dois rester concentré, confia-t-il à L'Équipe. L'autre jour, mon frère a eu une touche énorme, le fil est parti à une vitesse incroyable. En même pas quarante secondes, la canne a cassé. C'était peut-être un barracuda ou une grosse daurade." Les gros poissons affrontés sur la scène européenne n'ont pas eu à craindre la vitesse de ce bon vieux Andrea, mais plutôt son expérience, lui qui joue à tous les postes de la défense sans se plaindre ni réclamer quoi que ce soit.
José-Karl Pierre-Fanfan, interrogé par So Foot, décrit bien le bonhomme: "Ce déficit qu'il a sur le plan technique et athlétique, il le compense par son état d'esprit. Au lieu de nourrir un complexe, il a développé un côté agressif, meneur d'hommes et c'est un point fort. (...) Il ne se plaint pas parce que c'est un joueur intelligent, il a conscience du niveau de ses concurrents. (...) C'est l'un des rares à avoir connu la métamorphose du club. Il représente un supplément d'âme. Il a des caractéristiques particulières qui font de lui un joueur de club, de vestiaire ainsi qu'un relais pour l'entraîneur." Un profil précieux mais rare dans des équipes de premier plan. Malgré les victoires, Raggi n'a pas changé.
Ah, si. Son corps a un peu évolué puisqu'il s'est tatoué un logo customisé du club sur l'avant-bras droit. Un pari peut-être un peu stupide, mais aussi une preuve de son attachement à Monaco, qu'il a rejoint dans l'anonymat et dont il est désormais l'un des symboles: celui des joueurs de devoir qui permettent aux stars de briller. Qui réussissent à se faire aimer des supporters par leur volonté plus que par un niveau parfois hésitant. Une histoire commencée sur le tard qui est partie pour durer encore un peu.
Point fort
Il honore ses promesses.
Point faible
Il ressemble à un arbitre.
Le slogan de campagne
"Raggi, le Maradona des quatre pattes"
Sakai, inlassable
"You are fatigué?" demandait Laurent Paganelli à Hiroki Sakai lors d’une heureuse soirée où Marseille s’était montré sous son meilleur jour (4-0 face à Saint-Étienne). Eh non, Hiroki Sakai n’est jamais fatigué. L’international japonais est pourtant arrivé dans des circonstances qui avaient tout pour lui être défavorables.
Candidat au Ballon d’Eau fraîche, Sakai n’a joué qu’une seule saison dans la future Ligue 1 Conforama. Arrivé gratuitement l’été dernier dans un Marseille qui ne vivait pas encore son rêve américain, il avait pour tâche de tenir un couloir droit abandonné par Dja Djedje et Manquillo. Un Hiroki dans le désert en somme. Si le choix a pu en laisser plus d’un sceptique, c’est aussi parce que les Phocéens ont pris l’habitude de transformer leurs défenseurs en running-gag. Et cet élan de cruauté n’avait pas encore atteint le couloir droit de la défense, rare motif de satisfaction d’une saison morose. Sakai rejoignait donc ses futurs collègues Doria, Rekik et Rolando dans un projet encore moins clair que l’ère McCourt.
Une année est passée et Sakai a bien tenu son aile. D’autres vous diront qu’il a simplement tenu son rang. Arrivé comme un inconnu (qui partira assurément comme une légende), il était pourtant bien recommandé par ses employeurs japonais et allemands. Depuis ses débuts professionnels en 2010, Hiroki Sakai n’a jamais quitté son couloir droit, dans les bons moments comme dans les mauvais. Le natif de Kashiwa a participé à l’épopée du Kashiwa Reysol, passant de la J2 League japonaise à une demi-finale de Coupe du monde des clubs en dix-huit mois. Mais son dernier souvenir, avant son arrivée sur la Canebière, restera une relégation avec Hanovre. Si l’on ne peut pas encore préjuger de sa fidélité à Marseille, le fait de n’avoir connu que trois clubs à vingt-sept ans est un signe encourageant.
Sakai n’est pas fatigué. Ni par ses trente-quatre titularisations en Ligue 1, ni par le surnom de "Sushi" dont certains de ses coéquipiers l'ont affligé. Hiroki Sakai a réussi à s’intégrer là où Koji Nakata (vous vous demandiez sûrement quand allait venir la comparaison) a échoué. Les plus mesquins diront cependant qu’Hiroki n’a pas connu la neige. À l’aube de l’OM Champions Project, sa place ne semble pas être remise en cause et Sakai est parti pour remplier pour une année de loyaux services. Candidat surprise de ce Ballon d’Eau fraîche, Hiroki Sakai a assurément la carrure: un modèle d’intégration et de loyauté malgré la déferlante des éléments.
Point fort
Il efface enfin les empreintes de pas de Koji Nakata.
Point faible
Son nom déchaîne des jeux de mots affligeants.
Le slogan de campagne
"Hiroki, l'œil du tigre"