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"Ayo, ayo, Indonesia, Kita Harus Menang !"

Une opposition entre l’Indonésie et la Corée du Sud déclenche autant de passion qu’un Boca-River au Monumental ou un Real-Barça à Bernabeu... Reportage à Jakarta.
Auteur : Pascal Lardy le 9 Jan 2008

 

"Elles sont numérotées mais je propose qu’on s’en tienne là, regarde plutôt l’ambiance, tu prendras des vidéos, on a bien fait d'acheter des maillots avant d'entrer, déjà qu’on ne passe pas inaperçus, je suis tout de même content d’être accompagné, tu aurais voulu le même bonnet ? Je plaisante, donne-moi ton sac si tu veux,  je le garde près de moi, non merci, vide le par terre, ça attendra la fin du match".

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Kita harus menang ! Kita harus menang ! Kita harus menang ! (1)

Les joueurs ne sont pas encore entrés sur la pelouse que les chants parcourent déjà les tribunes. 90.000 spectateurs selon la police, 80.000 selon les organisateurs qui n’ont pas la réputation d’être très pointilleux sur les règles de sécurité. Il s’agit tout de même de la Coupe d’Asie et en tant que pays hôte (2) l’Indonésie se doit de montrer qu’elle est capable d’accueillir un événement de cette ampleur, dans les meilleures conditions. La finale aura lieu à Jakarta, alors on imagine… un concours de circonstances improbable, un miracle même. Non, ça sera déjà très bien de pouvoir assister à une finale de Coupe d'Asie sur son territoire.
Tout de blanc vêtus, les spectateurs montrent une ferveur remarquable (3), sans commune mesure avec l’intérêt porté au championnat local, la Liga Djarum (4). Les gens n’ont ici d’yeux que pour la Premiership, et Manchester United ou Chelsea peuvent compter sur des milliers de supporters inconditionnels, se levant la nuit pour voir les rencontres de Ligue des champions de leur club favori. Quand on habite en banlieue de Jakarta, on a un poster de Rooney dans sa chambre, on parle de Cantona avec les yeux grands ouverts et on crache bien volontiers sur Mourinho, même si l'on l’admire secrètement. Juande Ramos est d’ailleurs un nom qui est devenu tout d’un coup beaucoup plus familier.

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Kempes à Java
Le championnat local est jugé très sévèrement: les joueurs "manquent de discipline, de professionnalisme", "sont tout petits, presque ridicules, on dirait des enfants par rapport aux joueurs Anglais". On aime cependant à se rappeler que Roger Milla et Mario Kempes ont terminé leur carrière en Indonésie, au Pelita Jaya. (5), recrutés à grand renfort de dollars par le groupe Bakrie (6) – rien à voir avec Jean-Pierre - propriétaire du club. Mais c’est une bien maigre consolation: les clubs indonésiens n’ont jamais dépassé les quarts de finale de l’Asian Champions League – rien à voir avec l’OL.

Et pourtant…quand l’équipe nationale entre en scène, un consensus magique s’opère, les Papous cessent d’être des citoyens de seconde zone, les joueurs sont applaudis qu’ils soient chrétiens ou musulmans et tout un peuple se prend à rêver d’accrocher le scalp de la Corée.
L’équipe d’Indonésie joue en contre, essaie de tenir coûte que coûte en défense en balançant de grands ballons en avant en direction de Bambang, la star de l’équipe. Dès que celui-ci hérite d’un ballon, le stade se lève, on plisse les yeux et on pousse de grands cris en se disant qu’avec un peu de réussite il pourrait la cadrer. Le ballon n’est pas perdu, mais quand il devient évident que l’action n’amènera plus rien, un concert de "Duduk! Duduk! Duduk!" (7) – rien à voir avec Vincent – se fait entendre. On se rassoit donc bien poliment et l'on attend que les minutes s’égrènent. Le match nul serait déjà un exploit. Mais dès avant la mi-temps, la Corée parvient à marquer, alors on continue à espérer... vainement.

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Bambang Ronaldo
On regarde tristement ses voisins, on est désolé, on était pourtant bien beaux dans nos maillots blancs, à chanter avec eux "Ayo, ayo, Indonesia, Kita Harus Menang!" mais on n’avait pas le bonnet à clochettes…
Chacun rentre donc chez soi, convaincu d’avoir tout de même passé une bonne soirée, c’est pas tous les jours qu’on voit la Corée du Sud et un tel public, qui continue à applaudir dix minutes après la fin du match. Les quarts de finale se joueront donc sans l’Indonésie. On retiendra qu’elle n’aura perdu que 2-1 en poules contre l’Arabie Saoudite, futur finaliste de l’épreuve (8). Le temps de trois matches de poules, Elie Aiboy, Bambang
Pamungkas ou encore Markus Horison ont remplacé Cristiano Ronaldo, Lampard ou Owen. On reste convaincu que la Premiership est le meilleur championnat de l’univers et que Manchester United va gagner la Ligue des champions 2008. Mais voir Markus faire un arrêt réflexe sur sa ligne alors que tout le monde voit déjà le ballon dedans, ou Bambang placer une volée sur la barre transversale alors qu’il avait cinq millisecondes et un centimètre pour se retourner face au but, on se dit que c’est quand même pas mal non plus.


(1) "Nous devons gagner! Nous devons gagner! Nous devons gagner!" Probablement une version locale de la victoire impérative.
(2) L’Indonésie accueillait les matches de la Coupe d Asie (Jakarta et Palembang) en compagnie de la Thaïlande, du Vietnam et de la Malaisie. Parmi les pays hôtes, seul le Vietnam est parvenu à se qualifier pour les quarts.
(3) Cet enthousiasme conduit parfois à des débordements dans le championnat local. À ce titre, les supporters de certains clubs s'illustrent très fréquemment comme les "Bonek" du Persebaya de Surabaya ou les "Arema" de Malang.
(4) Du nom de l’une des deux grandes marques de cigarettes (les fameuses cigarettes aux clous de girofle, les Kreteks) en Indonésie, l’autre étant Sampeorna dont le slogan publicitaire est "Bukan basa basi" soit en français: "C’est pas du pipeau".
(5) Club actuel de Purwakarta, situé a Jakarta il y a quelques années.
(6) Qui n’est autre que l’actuel ministre des affaires sociales et dont l’une des nombreuses entreprises est a l’origine de la spectaculaire remontée de boue qui a eu lieu à l’Est de Java (dans la province de Sidoarjo) en mai 2006.
(7) "Assis! Assis! Assis!"
(8) L’équipe d’Indonésie a perdu 7-0 contre la Syrie, le 18 novembre dernier, en match de qualification pour la Coupe du monde 2010.

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Réactions

  • luckyluke le 09/01/2008 à 10h29
    Assis! Assis! Assis!

    Le frère de Ronaldinho joue en Indonésie?

  • doumdoum le 09/01/2008 à 11h33
    Toujours sympa de lire ce qui se passe sur le reste de l'orange bleue.

    C'est très bien, continuez.

  • Hok le 09/01/2008 à 15h58
    Merci pour cet article.
    Est-ce que l'équipe est réellement multi-culturelle et multi-confessionnelle, étant donné la mosaïque ethnique et les tensions récurrentes ?
    Même si évidemment, cela n'a en général pas de répercussion sur les dites tensions, c'est quand même fort que le sport puisse faire tomber quelques barrières, même temporairement.

  • Paco le 09/01/2008 à 16h20
    Salut Hok,

    Pour repondre a ta question, un certain nombre de bons joueurs viennent de l Est du pays, notamment du Nord des Celebes (Manado), des Molluques (Ambon) ou de Papouasie (Jayapura), regions plutot chretiennes. Ce sont souvent des joueurs assez athletiques. Ils se rapprochent du type melanesien (pour les Molluquois et les Papous) et sont plus grands et plus costauds que les Javanais, ces derniers misant plus sur leur technique et leur vitesse.

  • corpus05 le 10/01/2008 à 00h18
    saya orang perancis.
    Di mana ada orang dari indonesia bercapak perancis ?

  • la touguesh le 10/01/2008 à 13h49
    Et non, corpus05, il n'y a pas d'indonésiens parlant francais sur le forum ...
    Par contre il y a des francais travaillant avec des indonésiens (moi en l'occurence) .... d'ailleurs on me signale qu'il y a une faute d'orthographe dans ta question ^__^ (bercakap et non pas bercapak, mais bon, si ca se peut mon collégue est taquin et me dit que des conneries ... )

    Bravo à dame rédac au passage pour cet excellent article aussi original que dépaysant !!

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