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«Toucher le ciel et l'enfer presque en même temps»

La grandeur d'un club se mesure à l'aune de son palmarès, mais elle se nourrit aussi des petites histoires qui font la grande. Ça tombe bien, des histoires, chez l'Atlético Madrid, on en a à revendre. Morceaux choisis.

Auteur : asunada le 10 Fev 2014

 

 

En tant que filiale de l'Athletic Bilbao, le club madrilène arbore à ses débuts les mêmes couleurs que son grand frère qui sont le blanc… et le bleu! Comme beaucoup de clubs du continent de l'époque, les Basques achètent leurs maillots en Angleterre, et plus précisément ceux des Blackburn Rovers. Mais une année de pénurie de maillots des Rovers, les représentants de Bilbao reviennent avec ceux de Southampton, inaugurant en 1911 les couleurs rouge et blanche pour les deux clubs qu'ils revêtissent encore aujourd'hui. La maison mère adoptera le short noir des Saints tandis que les Madrilènes conserveront l'ancien bleu des pensionnaires d'Ewood Park.

 

Vicente Calderon

 


Un stade, un périph', une bière.

Une seule tribune couverte, les trois autres qui forment un U continu, des gradins abrupts dans l'anneau supérieur, peu de loges, le stade Vicente-Calderon est l'archétype du stade espagnol. Cette enceinte de 56.000 places a été inaugurée en 1966. Si elle se dresse au bord du fleuve Manzanares, elle a surtout la particularité de voir sa tribune d'honneur littéralement enjamber le périphérique intérieur de Madrid, la M30. Le stade se trouve également juste à côté des anciennes brasseries Mahou. Elles ont fermé depuis pas mal d'années, mais la Mahou continue de couler à flots dans les bars du quartier. Depuis la station de métro Pirámides jusqu'à l'entrée dans le stade, une même ambiance conviviale et populaire, faite de pipas, de bocadillos de calamares et de cañas bien fraîches – mais trop remplies pour ne pas finir sur le pantalon dans les rades archi-blindés – accompagne le flot des sympathisants rojiblancos. Ça grouille, ça rigole, ça chambre et, comme presque partout en Espagne, on rentre dans le stade au dernier moment. Dans l'enceinte en revanche, on chante comme nulle part ailleurs dans la péninsule. Le public colchonero, souvent considéré comme le plus fervent d'Espagne, n'est pas spectateur mais acteur du match.
 

Un chiffre résume assez bien la ferveur qui entoure l'Atlético: En 2000/01, première année en deuxième division, l'Atlético comptait... 42.500 abonnés. Pourtant, si vous êtes un colchonero de moins de cinquante ans, vous avez vécu bien plus de désillusions que de trophées. Témoignage de Lidia, vingt-huit ans, supportrice de l'Atlético de père en fille et abonnée quelques années avec son frère Jairo au stade Vicente Calderon, avant que la crise ne l'oblige à se désencarter: "Quand j'étais petite, nous étions peu nombreux pour l'Atléti à l'école. La majorité était pour le Real, ce qui était facile car ils gagnaient tout le temps. Mais ça m'était égal de faire partie de la minorité. Comme mon père, j'étais de l'Atléti et fière de l'être. C'est quelque chose d'unique et spécial, c'est toucher le ciel et l'enfer presque en même temps. Comme le dit Joaquin Sabina (voir ci-après), 'quelle belle façon de monter et descendre des nuages!' Tu apprends à profiter plus intensément des victoires après toutes ces souffrances passées. L'Atlético, c'est l'espérance en un futur qui n'est pas écrit d'avance". L'espérance, plus que jamais en cette période d'euphorie, c'est celle de revivre l'équivalent de la saison 1995/96.
 


Le doblete de 96

Après une mauvaise saison 1994/95 qui a vu l'Atlético finir 14e et consommer quatre entraîneurs, la saison démarre sous la houlette de Radomir Antic, qui sort de trois saisons concluantes à la tête du Real Oviedo (deux fois neuvième). L'équipe s'appuie notamment sur un milieu ultra complémentaire composé de l'Argentin Simeone, de Vizcaino, Caminero – à coup sûr le meilleur joueur espagnol de la saison – et Milinko Pantic. Cette année-là, le danger viendra de partout pour leurs adversaires. Si les attaquants Penev et Kiko finissent les 42 journées avec "seulement" 16 et 11 buts chacun, Simeone contribuera à hauteur de 12 pions, Pantic 10 et Caminero 9, pour donner à l'Atlético la deuxième attaque du championnat. Derrière, le capitaine Solozabal dirige d'une main de fer la meilleure défense de la Liga (32 buts encaissés seulement), devant un Molina qui explose au plus haut niveau pour sa première saison dans les cages madrilènes.
 

L'Atléti démarre par 8 victoires en 9 journées et prend rapidement la tête du championnat. Pourtant, en mars-avril, la machine se dérègle et le club du président Jesus Gil sent sur sa nuque le souffle chaud des Valencians et du Barça, sur une meilleure dynamique. Mais mi-avril, la finale de la Copa del Rey vient faire basculer définitivement cette saison dans le panthéon rojiblanco. À Saragosse, face au Barça, les Colchoneros arrachent le trophée en prolongation, sur une tête décroisée magistrale de Pantic à la suite d'un centre de Delfí Geli. Une autre victoire sur le Barça lors de la 37e journée, au Camp Nou, sur le score de 3-1, laisse croire que le championnat a choisi son vainqueur. Pourtant, le week-end suivant, le Valence de... Luis Aragones, encore lui, vient s'imposer 3-2 au Vicente Calderon. L'Atlético attendra donc l'ultime journée pour remporter son neuvième titre.

 

 

 

Loin d'être paralysés par l'enjeu, les joueurs d'Antic vont marcher sur ceux d'Albacete en début de match. Un peu brouillons mais transcendés, ils inscrivent deux buts en une demi-heure, signés Simeone et Kiko. La suite du match sera une longue fête, prolongée par un concert dans le stade après la traditionnelle célébration sur la fontaine de Neptune, à quelques centaines de mètres de la fontaine de Cibeles, son équivalent madridiste.

 


El corner de Pantic

Parmi les héros du seul doublé de l'histoire du club, l'un d'eux a laissé une trace toute particulière: Milinko Pantic. En effet, un des coins du terrain porte le surnom officieux de "corner de Pantic". Le Serbe arrive du Panionios en 1995 sur les recommandations d'Antic, qui l'a côtoyé au Partizan Belgrade, à la fin des années 1980. S'il est alors un sombre inconnu en Espagne, les travées du Calderon vont vite retenir son nom et ses coups de patte: chacun de ses coups francs, centres ou corners fait passer un frisson dans le stade.
 

Quelques minutes avant un match, Margarita Luengo, cinquante ans bien tassés, quitte le bar où elle se trouve avec les membres de sa peña, en emportant quatre œillets qui, annonce-t-elle, "représentent les quatre buts qu'on va mettre à l'Athletic Bilbao". Les Colchoneros marquent bien quatre buts, l'occasion pour Margarita de jeter un à un ses quatre œillets. Deux de ces réalisations sont issues d'un corner de Pantic. Dès lors, avant chaque match, Doña Luengo lance un bouquet de vingt-quatre œillets (douze rouges et douze blancs) au niveau de ce point de corner. Quelques mois plus tard, au moment de tirer un coup de pied de coin (en espagnol, on utilise majoritairement le mot "saque de esquina"), Pantic, gêné par les fleurs, les envoie vadrouiller. L'histoire aurait pu en rester là, mais Margarita arrive à faire passer un petit mot manuscrit à Milinko sur lequel est écrit "Ne jette pas les œillets, ils sont pour toi". Touché, le milieu contacte son admiratrice, s'excuse et lui remet même son maillot à la fin d'un match contre la Real Sociedad.

 

Atletico Madrid corner de Pantic
 

Le départ de Pantic en 1998 ne mettra pas fin à l'habitude de Margarita Luengo, qui, bientôt dix-huit ans plus tard et à soixante-sept, ans continue de déposer son bouquet presque à chaque match. Roberto Carlos a ainsi reçu une bronca monumentale un jour où il avait eu le culot de repousser du pied le bouquet. Fraîchement arrivé au sein du club, Arda Turan, après avoir dégagé sans ménagement le bouquet, a lui aussi appris à ses dépends qu'il est des symboles que l'on ne peut toucher impunément sur les rives du Manzanares.
 


Lire aussi "Colchonerotique"

 

Réactions

  • Isaias le 10/02/2014 à 11h38
    Merci beaucoup pour ce bel article !

  • Raïeaïeïe le 10/02/2014 à 21h44
    Très bel article en effet, pour un club qui reprend des couleurs cette année avec l'une de ses figures historiques.
    Et voir PAntic toujours honoré, me fait toujours sourire lorsque je repense aux commentaires qui fleurissaient dans les travées de Deschaseaux à son égard...

  • asunada le 10/02/2014 à 21h53
    Merci. Je prolonge les quelques anecdotes dans ce fil de commentaires avec ce qui a dû être écrémé pour ne pas faire un article à rallonges:

    El Mono Burgos
    Entre 2001 et 2004, la cage colchonera a été gardée par German Burgos. El Mono (le Singe), est en fin de carrière et signe à Madrid alors que le club entame sa seconde saison en deuxième division. S'il n'est probablement pas le meilleur gardien de l'histoire du club, il en est assurément un des plus marquants. Casquette, cheveux longs, dégaine de loubard, Burgos est à la fois une tête brûlée et un clown. Un Olmeta à la sauce Gaucho et avec des cheveux. Avancées jusqu'aux 40 mètres balle au pied, amorti de la poitrine sur un tir adverse un peu mou, sorties kamikazes et envolées spectaculaires (parfois pour la photo...), German n'aura laissé personne insensible. En 2003, on lui diagnostique un cancer du rein. Une opération doit être réalisée au plus vite. Ce à quoi el Mono répond «OK docteur. Mais opérez-moi lundi, j'ai match dimanche...». Il faudra que le Sage d'Hortaleza et les chirurgiens insistent lourdement pour qu'il accepte de se faire opérer sans attendre. Burgos s'en remettra mais raccrochera les crampons en 2004. Pour autant, il continue de faire parler de lui. German est ainsi chanteur Rock au sein du groupe The Garb qui a sorti 4 albums entre 1999 et 2005, et est à présent l'adjoint de Simeone.

    Voir lien

  • asunada le 10/02/2014 à 21h56
    Une tradition d' attaquants

    L'Atlético, depuis l'ère Jesus Gil, n'a jamais été un club très stable. Les bas sont plus nombreux que les hauts, mais malgré tout, on voit souvent de belles choses et du beau monde chez les Rojiblancos, surtout devant. Après Kiko, c'est l'italien Vieri qui finira pichichi avec 24 buts en championnat et 31 au cumulé lors de sa seule saison madrilène, en 1997-98. Il marquera notamment ce but ( lien ) qui passera des jours durant en boucle sur les télés espagnoles. Hasselbaink sera ensuite la seule satisfaction de la saison 1999-2000 qui voit le club descendre. Jimmy Floyd marque 24 fois mais manque un pénalty dans un match décisif... Ensuite, c'est El Niño Fernando Torres qui viendra au monde footballistique dans son club formateur à même pas 17 ans. Il le quittera en 2007 avec le statu de capitaine et d'icône, à tout juste 23 ans.

    Avec l'argent de son transfert, l'Atléti attire Diego Forlan, qui finira pichichi en 2009 avec la bagatelle de 32 buts en 33 matches joués ! Il inscrit également un doublé contre Fulham en finale de l'Europa League 2010, le premier titre colchonero depuis 14 ans. L'Urugayen a laissé une trace indélébile chez les supporters Indios ( lien ), qui louent son élégance et son intelligence sur le pré, son professionnalisme, sa rage de vaincre et sa gentillesse. Il connaît l'apogée de sa carrière sous les couleurs rojiblancas et forme un duo dévastateur avec el Kun Agüero. Quand ce dernier file à l'anglaise, les dirigeants madrilènes visent à nouveau juste, puisque c'est Falcao qui lui succédera, deux saisons durant. Suffisant pour El Tigre pour inscrire 52 buts en Liga !

    Le Colombien parti sur le Rocher, l'Atléti pense faire un bon coup avec David Villa. S'il ne démérite pas depuis le début de la saison, c'est son compère brésilien fraîchement naturalisé espagnol Diego Costa qui crève l'écran avec déjà 19 buts en championnat et 4 en Ligue des Champions.

  • asunada le 10/02/2014 à 21h58
    Un hymne pour cent ans

    Avoir des people et des chanteurs comme supporters, c'est courant. Mais là où le tout Lyon craint le pire avec un hymne à venir signé Benjamin Biolay, l'Atlético a fait composer son hymne du centenaire par Joaquin Sabina. Sabina, fan absolu des Colchoneros, est un poète et chanteur espagnol, une référence, quelque part entre Brassens, Brel et Johnny, pour situer. La chanson «Motivos para un sentimiento » est accrocheuse, simple, rythmée et poétique. Comme à son habitude, Joaquin Sabina met des mots sur l'inexplicable ( lien ). Un poil de moustache mieux que le « Qui c'est les meilleurs ? Evidemment c'est les Verts ! »


    Un club de fils de pub

    Depuis 2001, le club lance ses campagnes d'abonnement par un spot de pub. Et généralement, il est plus qu'inspiré. Pour ne pas gâcher le plaisir et les chutes, suivez le liens suivants:

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