Angleterre-Allemagne: le choc des titans déchus
Keegan saute avec Wembley, l'Allemagne saute sur l'occasion
L'Allemagne et l'Angleterre se retrouvaient donc une nouvelle fois, en éliminatoires de la CM 2002, à l'occasion d'un match historique à plus d'un titre. Pour l'enterrement de son stade mythique, l'équipe à la rose est venue mettre en bière son propre sélectionneur, et la Mannschaft a peut-être signé son bulletin de renaissance. Kevin Keegan aura donc raté sa tentative de faire renaître une sélection nationale qui accumule les échecs, et tire sa révérence à l'issue du premier match des qualifications.
Comme lors du dernier Euro, les pronostics hésitaient à désigner le moins malade des deux protagonistes. Les Anglais étaient cependant venus chercher un nul de prestige au stade de France, et les Allemands s'étaient eux aussi rassurés en battant l'Espagne en match amical (4-1) et la Grèce (2-0 )lors de la première journée du groupe 9 (dont étaient exempts leurs adversaires). Malgré les psychodrames incroyables qui continuent à l'entourer (voir plus bas), l'Allemagne convalescente de Rudi Völler s'est donc sortie de ce périlleux déplacement, d'une manière qui lui est bien connue: grosse frappe sur coup franc de loin qui ne s'arrête que dans les filets. Hamman a été bien aidé par la défense britonne, affairée à tout sauf à placer un mur devant le tireur. Arc-boutés sur un résultat construit dès la 14è minute, les coéquipiers du joueur de Liverpool n'ont pas eu trop de peine à endiguer les brouillonnes offensives anglaises et manquèrent même les occasions d'asseoir une plus large victoire.
La reconstruction est semble-t-il plus avancée outre-Rhin, où les éternels vieux (Matthäus, Hässler...) ont enfin été écartés, au contraire des Keown ou Adams d'en face, faute de solutions nouvelles crédibles. On se rend compte que la génération intermédiaire des Nowotny, Rehmer, Ramelow, Hamman ou Ballack peut encore avoir son mot à dire, tandis que le jeune prodige du Hertha Berlin, Sebastian Deisler (20 ans), est en train d'éclore. Le successeur de Keegan aura du mal à entourer ses stars (Beckham, Scholes, Cole...) de nouvelles têtes: les meilleurs jeunes anglais ne jouent pas en Angleterre, ils ne jouent pas ailleurs non plus... Et l'on reparle de ce championnat richissime dans lequel les footballeurs locaux ne trouvent plus leur place, compromettant l'avenir de leur équipe nationale...
Sexe, mensonges et couteaux dans le dos
Restons en Allemagne, où les scandales s'accumulent, et pas seulement au FC Hollywood (le Bayern). La Mannschaft est au cœur d'une polémique qui n'a cessé de croître ces derniers jours. Au lendemain de l'échec à l'Euro 2000, la Fédération allemande a constitué une "Task force" chargée de redresser l'équipe nationale et qui a désigné Rudi Völler pour assurer un intérim jusqu'en juin 2001. A cette date, Christoph Daum, entraîneur du Bayer Leverkusen, sera libéré par son club et prendra ses fonctions de sélectionneur. Cette disposition avait été prise avec l'accord du Bayer et du Bayern, qui s'engageaient à ne pas compromettre par des querelles inutiles l'avenir de la sélection. Cette paix n'a pas duré longtemps. Les excellents débuts de Völler, qui fait réellement l'unanimité, et le départ moyen de Leverkusen en Bundesliga ont d'abord donné l'occasion à Uli Höness, manager du club bavarois, de mettre en doute la nécessité du passage de relais à l'été prochain. Il ne s'est pas arrêté là, puisqu'il a ensuite carrément accusé Daum d'user de stupéfiants et de recourir aux services de prostituées!
Dans cet imbroglio, Franz Beckenbauer (président du Bayern) a pris le parti de Daum et Völler lui-même confirme qu'il est hors de question de changer de plan. Et pour couronner le tout, selon des magazines allemands, le (présumé) futur sélectionneur serait mis en examen pour fraude dans une sombre affaire immobilière à Majorque (AFP 08/10).
La DFB programmait lundi 9 une réunion de crise, à laquelle l'accusé a refusé de participer (Uli Höness sera présent). En comparaison, les intrigues du football français semblent bien plates. Mais faut-il s'en plaindre?