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Ajax, les défauts de sa jeunesse

Redevenu roi des Pays-Bas avec Frank de Boer, l'Ajax reste loin de son lustre européen et vit un début de saison compliqué. Présentation de l'adversaire du PSG, ce soir en Ligue des champions.

Auteur : Julien Momont le 17 Sept 2014

 

 

Après avoir remporté deux titres (2002 et 2004) à peine dans la première décennie du 21e siècle, l'Ajax a restauré son hégémonie sur le football néerlandais depuis l'arrivée de Frank de Boer sur son banc, en décembre 2010. L'ancien défenseur met en application la "révolution Cruyff", dans la foulée de dissensions internes: retour à un jeu offensif porté par l'éclosion de jeunes pousses appelées à s'exporter. Résultat: quatre sacres consécutifs, du jamais vu pour le club (le PSV l’a déjà fait deux fois). En Europe, en revanche, le club néerlandais est trop affaibli par les exodes réguliers de ses meilleurs joueurs pour rivaliser avec les meilleurs. Il n'a plus franchi la phase de poules depuis la saison 2005/06.

 


 


Le mercato

Départs marquants
Blind (Man Utd), S. de Jong (Newcastle), Poulsen (libre), Bojan (retour de prêt).
 

Arrivées
Viergever (AZ), Zivkovic (Groningen), Zimling (Mayence, p.), Muric (Dinamo Zagreb), Milik (Bayer Leverkusen, p.).
 

Comme à chaque intersaison, l'Ajax a été amputé de plusieurs de ses éléments clés. Sentinelle très utilisée la saison dernière, Christian Poulsen a refusé l'offre de prolongation des dirigeants amstellodamois. Le club ajacide n'a pas encore retrouvé de leader de vestiaire suite à son départ. Celui de Daley Blind, dans les dernières heures du mercato, est paradoxalement moins préjudiciable sur le papier. Après s'être révélé devant la défense, l'international néerlandais était majoritairement redevenu latéral gauche, sa position d'origine, en 2014. En ce début de saison, il évoluait en relayeur. Deux postes couverts respectivement par Nicolai Boilesen et Thulani Serero, déjà largement sollicités par le passé en fonction du poste occupé par Blind. Mais ce dernier apportait équilibre, intelligence tactique et qualité de relance. Nick Viergever pour être le nouvel organisateur reculé au milieu. L'Ajax a également perdu un autre leader technique, Siem de Jong, mais dispose d'un réservoir de jeunes talents offensifs qui doit lui permettre, comme chaque année, de compenser sa perte.

 

Équipe-type : 4-3-3

Cillessen
Van Rhijn - Veltman - Moisander - Boilesen
Klaassen - Viergever - Serero
El Ghazi - Sigthorsson - Schöne



Le début de saison

L’entame du quadruple champion est mitigée. Après deux succès initiaux plutôt convaincants, l'Ajax s'est incliné à domicile dans le choc contre le PSV (1-3) puis à Groningen (2-0), deux matches qui ont révélé ses lacunes défensives et quelques imperfections offensives. S’en est suivie une victoire sans briller face à Heracles (2-1). Sans avoir pourtant subi de révolution cet été, le club semble avoir besoin de temps pour retrouver sa fluidité et sa faculté de domination.
 


Les points forts

La maîtrise technique
Cet Ajax est dans la continuité des saisons précédentes en termes de projet de jeu: construction au sol patiente, transmissions courtes depuis l'arrière, création d’espaces par des mouvements complémentaires. Chaque élément du onze type, jusqu'au gardien international Jasper Cillessen, est excellent techniquement, principalement dans le domaine de la passe.


C'est d'ailleurs plus collectivement qu'individuellement que l'Ajax tente de faire la différence, en cherchant un joueur entre les lignes pour créer des décalages et enchaîner vers l’avant. Seul le jeune ailier Anwar El Ghazi privilégie la percussion individuelle, mais il lui manque encore de la lucidité et de l'efficacité dans le dernier geste ou la dernière passe. Grâce à cette qualité technique, une appétence générale pour le jeu vers l'avant et une adaptabilité qui lui permet de briller en attaque placée ou en contre, l'Ajax dispose d'une variété de menaces offensives plus que d'un seul élément dominateur à surveiller.

 


 

Davy Klaassen
Il est annoncé, depuis quelque temps maintenant, comme un futur grand du football néerlandais. Le milieu de vingt-et-un ans entame son quatrième exercice en équipe première, dont il doit devenir le patron technique dans l'entrejeu par sa vision du jeu et sa qualité de passe. Relayeur le plus avancé, l’international néerlandais est capable d'ouvertures lumineuses dans les intervalles et se positionne pratiquement en numéro 10, entre les lignes, en phase offensive. Il laisse la première relance à d'autres pour se concentrer sur la dernière ou l'avant-dernière passe, celle qui va surprendre le bloc défensif adverse. Une contribution qu'il peine toutefois encore à traduire statistiquement (13 buts et 5 passes décisives en 50 matches d'Eredivisie).
 

La vitesse dans les couloirs
Latéraux comme ailiers, les joueurs de couloir de l'Ajax sont vifs et percutants, même si les deux côtés ne fonctionnent pas de la même manière en fonction des éléments alignés. Depuis le début de la saison, le Danois Lasse Schøne évolue en faux ailier, repiquant à l'intérieur pour jouer sur son pied droit, libérant de facto le couloir pour les montées de Boilesen. À droite, El Ghazi percute plus sur la largeur, même s'il crochète aussi parfois vers l'axe pour frapper. Derrière lui, le rapide Van Rhijn prend souvent l'intérieur lors de ses montées, entre le latéral occupé par El Ghazi et le défenseur central adverse. Ce sont de ces joueurs que viennent souvent les éclats offensifs qui font la différence, avec l'appui des milieux relayeurs – surtout Klaassen – prompts à se projeter vers l'avant.
 


Les points faibles

Les phases de transition défensive
L'Ajax a une approche basée sur la possession et les projections offensives de beaucoup d'éléments depuis l'arrière. Cela laisse forcément son arrière-garde exposée à la perte du ballon, surtout quand la sentinelle, Nick Viergever, joue haut elle aussi. Le PSV s'est ainsi régalé en contre lors de sa victoire à l'ArenA, principalement dans les couloirs où Van Rhijn et Boilesen sont aspirés vers l’avant et manquent d’agressivité en un contre un. Le Danois a d'ailleurs été coupable d'autres oublis la semaine suivante, à Groningen, en étant en retard au marquage sur deux centres qui ont abouti de son côté. Avec le départ de Christian Poulsen, mais aussi de Daley Blind, l'Ajax a perdu un certain équilibre dans l'entrejeu et se retrouve très vulnérable sur attaques rapides.
 

Les espaces laissés au milieu
Avec un onze très joueur, l'Ajax perd en rigueur défensive ce qu'il gagne en maîtrise technique. Les relayeurs, généralement Klaassen et Serero, n'effectuent pas toujours un marquage strict de leurs adversaires directs et sont prenables dans leur dos. Dans ce match, le pressing ajacide a également souffert d'un manque de coordination collective: si Klaassen montait à hauteur de Sigthorsson pour presser la défense adverse, le reste du bloc restait dans une position intermédiaire, laissant des ouvertures dans l'entrejeu. Le trio de milieux est vif et technique mais son déficit physique peut lui être préjudiciable face à un adversaire compact et agressif sur le porteur.
 

L'inexpérience
Contre Groningen, le onze de départ de l'Ajax présentait une moyenne d'âge de 23,7 ans, et le banc (sans compter le gardien remplaçant Kenneth Vermeer, parti depuis) de 20,8 ans. L'expérience de Christian Poulsen fait défaut pour une équipe qui apparaît parfois naïve défensivement et en manque de révolte offensivement, depuis deux rencontres. L'Ajax manque de joueurs capables d'assurer le sale boulot pour libérer ses créateurs. Ses jeunes attaquants sont aussi un peu tendres face au but, tandis que l'avant-centre islandais Kolbeinn Sigthorsson, habile dos au but, est en crise de confiance (une réalisation lors de ses treize derniers matches) et se voit menacé par le jeune Milik, prêté par le Bayer Leverkusen.
 


Ce qu'il peut espérer

La saison dernière, l'Ajax était parvenu à surprendre le Barça à l'ArenA (2-1), mais avait dû se contenter de la troisième place du groupe H, derrière les Catalans et le Milan – devant le Celtic. Cette place semble, sauf surprise, à nouveau promise aux Ajacides derrière Barcelone et le PSG (ordre à définir...) compte tenu des difficultés affichées depuis le début de la saison et du manque d'expérience de l'effectif. Mais l'Ajax n'a pas vocation à fermer le jeu, même contre les gros, et devrait donc offrir des rencontres très plaisantes.
 

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