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La LFP n'en finit pas de botter en touche, comme si elle avait quand même un peu de mal à tuer son enfant. Elle aurait même imaginé un barrage entre le vainqueur et le cinquième du championnat pour couper la poire en deux et les cheveux en quatre. La solution ne ferait qu'ajouter de l'absurdité à l'absurdité en allongeant le calendrier avec une "finale" créée de toutes pièces. Vendredi prochain, le Conseil d'administration de la LFP décidera toutefois s'il maintient ou pas la place qualificative.

S'en battre la coupe
Si la dévaluation de la Coupe de France consécutive à la création de la Coupe de la Ligue (deux coupes médiocres ayant remplacé une Coupe historique) ne préoccupe que très peu nos dirigeants, ceux-ci ont peut-être fini par faire le constat que la représentation française en coupe d'Europe en pâtissait lourdement – et avec elle le compteur de points UEFA (lire "La coupe jusqu'à la lie"). La tendance en retour en grâce de la C3, que la nouvelle Ligue Europa confirmera peut-être, n'est certainement pas étrangère à ce souci (2)... tout comme la possibilité, pour certains, de disposer de cette semaine estivale supplémentaire pour participer à des tournées exotiques (lire "Trêve charogne" ). Les gros clubs pèsent sur la balance. "Peut-on être européen en seulement quatre matches?", s'interrogeait Michel Seydoux, président lillois mandaté pour discuter avec FT – comme s'il avait fallu quinze ans pour s'en rendre compte (3).
Quels que soient ses motifs, cette disparition nous réjouirait pleinement. Elle présenterait de surcroît un immense avantage rétrospectif, en reléguant à sa juste place le pseudo palmarès de la Coupe de la Ligue – ce raccourci trop bien payé vers l'Europe disputé jusqu'aux demi-finales devant des stades vides et culminant avec une kermesse au Stade de France. Justice en sera ainsi faite à la Coupe de France. Que les dix vainqueurs du trophée en plastique (pour seize éditions) nous pardonnent, mais ils ont gagné un truc qui n'existe presque plus et surtout, qui n'aura jamais existé.
(1) Ils pourraient cependant y réfléchir à deux fois: la Ligue Europa est désormais l'apanage de deux chaînes seulement (lire ci-dessous), tandis que Direct 8 s'est emparé des équipes de France Espoirs et féminine, ainsi que du championnat National. Déjà privé cette saison de son éphémère magazine dominical, France Télévisions disparaîtrait presque totalement du paysage audiovisuel footballistique. De son côté, la Ligue ne peut négliger une exposition sur une chaîne hertzienne gratuite qui contrebalance un peu la migration des clubs français sur les ondes payantes.
(2) Autre signe : l'UEFA a engrangé quelques millions d'euros supplémentaires (par rapport au contrat de la C3) en attribuant les droits français de sa "nouvelle" compétition à M6-W9 et Canal+.
(3) France Football. Jean-Michel Aulas avait pour sa part affirmé "bien vouloir la disputer par solidarité, mais sans place qualificative en Coupe d'Europe", tandis que Pape Diouf enfonçait le clou: "Même quand elle est télévisée, c'est une épreuve qui ne valorise pas le football" (L'Équipe).